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JePh, bientôt l'album

Stéphanie Berrebi

Si vous n’avez pas encore entendu parler de JePh, vous connaissez sûrement Tournée Générale, formation de chanson engagée et festive du début de siècle. Après un dernier album et une tournée en 2016, le groupe se sépare et chacun part dans sa direction. 

 

Jean-Philippe Vauthier en était l’auteur, le chanteur et guitariste. Il s’est lancé dans une carrière solo sous le nom de JePh et a présenté, ce 25 septembre ses nouvelles chansons devant quelques professionnels curieux dont nous faisions parti. Et nous n’avons pas été déçus de voir l’évolution de ce chanteur que nous suivons depuis tant d’années. JePh a mûri, forcément, sa voix est plus posée, il sait en jouer, la moduler. Il rythme mieux son phrasé, lui permettant des incursions dans le slam a capela et ça lui va à ravir. 

JePh a mûri mais reste fidèle à ce qu’il est, à ses valeurs, à son engagement tout en ayant pris du recul sur les petites choses de la vie, il a gagné en subtilité et se présente aujourd’hui finalement comme un réaliste optimiste. 

Son showcase démarre sur un slam, son contrebassiste, le génial Stephen Harrison, attend derrière lui le signal de départ. 

 

À l’instar d’un rappeur, ça commence par un ego-trip où il se présente, présente son projet et ce par quoi il est passé. On sourit, on le connait le bonhomme, on sait qu’il s’est essayé à d’autres choses mais que JePh, s’il cherche la lumière, ne l’attrapera que s’il peut rester lui-même, sincère et sa guitare acoustique bien attachée. 

 

La contrebasse démarre et c’est Mon Pays, chanson éponyme de l’album à paraître qui résonne et raisonne. Mon Pays, un constat glaçant de ce qu’il reste de nos belles institutions, portrait à l’instant I de cette France qu’on aime tant et qui a tant changé “sous les yeux qui pleurent de Marianne”. Observation féroce sans esprit moralisateur. On apprécie aussi sa plume lorsqu’elle parle d’amour et se joue des champs lexicaux partant de l'expression  “nager en plein bonheur”. À la veille de la mort de Chirac, il nous chantait avec Stephen qui a troqué sa contrebasse pour un Banjo Les années 81 et des poussières, chanson nostalgique rappelant que c’étaient malgré tout de belles années. Fin du concert tel qu’il a démarré, en a capela et un Tour de France qui vieillit, ses populations qui en souffrent mais qui restent attachés à leur contrée et traditions, pour le meilleur et pour le pire. 

 

Plus haut, on parlait de Stephen Harrison, ce contrebassiste un peu dingue au toucher magique, qui joue avec un petit sourire en coin. Cet anglais qui change les teintes de la chanson et qu’on a notamment vus au côté de Sarah Olivier. Il fait swinguer la bossa, il percute la chanson, aucun son n’est laissé au hasard, il a le soucis du détail. Avec un tel duo, il n’y a pas de place pour l’ennui, leur complicité musicale permet un répertoire riche et varié, et promet (on lui souhaite) une belle tournée.

Il ne reste plus qu’à découvrir l’album en janvier prochain, enregistré sous la houlette d'Alain Cluzeau, avec Paul Jothy à la batterie, Jean-Nicolas Mathieu à la guitare électrique et le frérot Maxime Vauthier, venu poser ça et là son accordéon … à suivre.