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Retour sur Francofête en Acadie

Article et photos par Christian Chagot

La FrancoFête en Acadie à Dieppe (à côté de Moncton, au Canada) regroupe un ensemble de vitrines musicales destinées aux professionnels mais également ouvertes à un public désireux de découvrir les nouveaux talents acadiens d’aujourd’hui et de demain, des artistes d’autres provinces du Canada et de la francophonie européenne. Au programme, essentiellement de la musique mais aussi du théâtre, de la danse, des spectacles pour les enfants… Petit tour de la cuvée 2019 …

 

 

5 novembre

 

 

 L’ouverture a eu lieu le 5 novembre par un surprenant concert de Ventus Machina dans la superbe salle du Monument Lefebvre à Memramcook. Ce quintet à vent de musique classique (flûte traversière, cor français, basson, clarinette et hautbois) nous a présenté des pièces originales et des morceaux réarrangés. Il a aussi accompagné la narration d’une légende acadienne et une conteuse-chanteuse narrant une histoire pour enfants mais pas que… Une première soirée charmante avant les vitrines. 

6 novembre

 

 

Le mercredi en début d’après-midi, les choses sérieuses commencent à Dieppe. La compagnie de théâtre Vent debout ouvre la séance, suivie de Geneviève & Alain. Ce jeune couple, à la scène et à la vie, présente des chansons folks acoustiques acidulées agréables à souhait. Geneviève est au clavier et Alain est à la guitare. Les deux chantent alternativement ou en duo. Le duo est au début de son développement et devra affirmer son identité. Ils ont attisé notre curiosité et nous le suivrons pour vous. Quartom est un quatuor classique à la manière des Stentors en France. Il interprète a cappella avec brio des chansons entrées dans le patrimoine  sans oublier de nous faire rire avec son humour mordant. C’est Jessy Benjamin qui prend la suite. Juste accompagné de sa guitare, cet auteur-compositeur-interprète revient à la chanson après une longue absence. Il nous présente les titres de son nouvel album Tapioca, calme-toi ! sorti en septembre. De petites histoires où les paroles sont parfois caustiques ou humoristiques. À revoir en formation étoffée afin de mieux appréhender son univers musical. L’après-midi se termine par Mehdi Cayenne venant de l’Ontario. Mehdi est le clou de cette première journée de vitrine. Il n’est plus une découverte mais une confirmation. Véritable show-man, il nous fait penser à Dumas au Québec ou à –M- en France. Sa musique pop électro est fraîche et dansante. Mehdi se dépense sans limite pour nous offrir le meilleur. On attend sa venue en France avec impatience…


Le programme du soir est composé de quatre vitrines. Nous commencerons par le Théâtre du Frèt, une compagnie qui nous présente un extrait de sa pièce très originale : Les trois petits vieux qui ne voulaient pas mourir. C’est le jeune Suisse Hector ou Rien qui prend la suite. Seul à la guitare, il nous fait découvrir son univers chanson tantôt poétique, souvent décalé où son fourgon Volkswagen Transporter T4 est le fil conducteur. Une belle découverte à suivre et à revoir pour un spectacle complet. Beauséjour est un étonnant duo de country composé de Danny Boudreau et Jocelyne Baribeau. Danny est un chanteur acadien qui a tourné dans le monde entier depuis vingt-cinq ans et Jocelyne, une chanteuse d’Opéra du Manitoba qui revient à ses premières amours. Ensemble, ils présentent quelques titres de leur premier album éponyme. Des textes et des musiques de haut niveau.  C’est l’humoriste Ryan Doucette qui ferme cette vitrine devant une salle toute conquise.

 

 

Enfin, la soirée se termine par trois slameurs : Lou Poirier, Sébastien Bérubé et Xavier Gould. C’est sans conteste Sébastien Bérubé qui se détache du lot par ses écrits provocants et pertinents.


7 novembre

 

Grosse journée pour nous au Centre Culturel Aberdeen de Moncton avec deux vitrines de six artistes. Nous commençons par la vitrine des Acadiens. Simon Daniel nous invite à rentrer dans son univers pop alternatif, parfois expérimental. C’est bien fait, bien joué et cela nous enchante même s’il est difficile de rentrer complètement dedans en si peu de temps. Nous le suivons depuis plusieurs années et constatons qu'il a fortement progressé. Nul doute qu’on vous en reparlera.

Isabelle Cyr est une comédienne et actrice bien connue. Rentrée timidement dans la chanson, elle s’est mise à  écrire et à composer puis à sortir son premier album Brûle sur mes lèvres récemment. En trio (chant, clavier et violoncelle), elle dévoile avec émotion ses textes essentiels où chacun des mots comptent. Un moment de poésie qui fait du bien. Très beau.

Avec Matt Boudreau, le gros rock est là et bien là, avec son fort charisme, il nous emmène danser et sauter. Ça déménage et ça fait du bien. Un énorme potentiel autant artistique que scénique à suivre…

Sirène et Matelot (Patricia Richard et Lennie Gallant) est un trio qui nous propose une chanson aux accents folk, pop et rock de qualité. C’est dynamique, frais et l’apport d’un clavier en troisième instrument permet de les faire sortir du lot des duos acoustiques conventionnels. Une belle découverte qu’on a hâte de revoir.

Mike à Vik est un artiste surprenant de Nouvelle-Écosse, métis indien et européen. Sur scène, par sa présence, on ne peut s’empêcher à penser à Popa Chubby. Il délivre un folk oscillant entre country et rock. Efficace.

Pour finir cette vitrine, certainement l’artiste le plus marquant et remarqué de cette FrancoFête, Joey Robin Haché qui revient après trois ans d’absence avec un album très étonnant. Sur scène, Joey devient punk. Il fait le spectacle et dynamite les morceaux un par un. Le folk-rock gagne en puissance et devient parfois presque hard… Les textes sont mordants et parfois crus. On adore !

 

 

 


La seconde vitrine commence par une compagnie de danse suivie par la chanteuse Sandra Le Couteur. Celle-ci délivre avec sincérité de beaux textes sur des musiques folk à trad’ bien tournées. Christine Tassan et les imposteures est un quartet (contrebasse, deux guitares, violon) vraiment surprenant. Christine hybride avec une très grande virtuosité des chansons de Félix Leclerc et des musiques de Django Reinhardt. C’est original, très bien joué et on ne s’ennuie pas une seconde.

C’est Shawn Jobin, le rappeur de l’ouest canadiens qui prend la suite. Accompagné de son batteur et de son DJ, il nous déclame ses textes avec conviction et générosité. Concluant. Marie Clo nous présente une chanson pop électro dansante. Enfin, Wesli et son big band terminent cette soirée. Il nous propose un véritable melting pot de reggae, musiques afro-caraïbéennes et africaines. La section cuivre s’en donne à cœur joie tout autant que Wesli et sa danseuse-choriste sur scène. La soirée se termine au caveau de Moncton avec deux jeunes artistes Claude Cormier et le groupe Sligo.


8 novembre

 

La matinée commence par un ensemble de cinq vitrines pour jeune public d’un très bon niveau global. L’après-midi, la chanson reprend pour les grands… En début d’après-midi quatre artistes se succèdent : Jacques Surette est certainement un des artistes les plus prometteurs de cette FrancoFête. A seulement dix-neuf ans, la chanson folk de ce néo-écossais fait mouche. Sa plume est intéressante et il a tout pour progresser. Franck Williams prend la suite. Ayant participer à La Voix (version québécoise de The Voice), il nous fait découvrir sa chanson folk-country. Le deux dernières vitrines sont  tenues par deux humoristes.

 

En soirée, après un superbe spectacle mêlant danse et échasses présenté par la compagnie Circus Stella, le chanteur belge Kùzylarsen enchante le public. Son duo avec la violoncelliste Alice Vande Voorde fonctionne à merveille. Son utilisation du oud (au lieu d’une guitare comme souvent) permet d’accéder à des sonorités arabisantes habilement distillées.

 Florent Vollant, qui lui succède, arrive sous les ovations du public. On ne présente plus cet artiste innus au Canada qui, depuis trente ans, chante et défend la cause de son peuple. Chantant en français et en innus, il habile ses textes d’un folk agréable qui nous fait parfois penser à Neil Young. Grandiose.

Govrache prend le relais. Tout seul sans aucune musique, il nous déclame son slam. On se le prend en pleine face comme disent les canadiens francophones avant de se le prendre en plein cœur. Un des meilleurs slameurs actuels. Grosse impression pour moi comme pour le reste du public.

Cy progresse et progresse toujours… Après des changements de formation, on a plaisir de découvrir les nouveaux titres interprétés par Eric Dow, son chanteur. Le folk country domine encore mais la musique s’enrichit…

La dernière vitrine est celle de Phil Athanase et son folk agréable et bien ficelé. On fini à nouveau au Caveau de Moncton pour découvrir les projets électro et expérimentaux d’Allumette et de Jalopeno Papa.

 

9 novembre

C’est la journée du salon-contact et de ses rencontres pros. Nous découvrons ensuite Marie-Ève Caron et Les Ananas,  les deux lauréats du concours musical Accros de la Chanson organisé par la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick dans les écoles du secondaire. Âgés de moins de dix-huit ans, cette chanteuse et ce groupe feront sûrement parler d’eux à l’avenir… La FrancoFête se termine par le concert des Salebarbes. Un super-show pour un super-groupe… Il propose des chansons folk-rock-country 2.0 qui ont enchanté toutes les oreilles et tous les pieds.

 

 

La vingt-troisième FrancoFête en Acadie à Dieppe fut vraiment une belle édition. Nous remercions tous les bénévoles pour leur accueil exemplaire ainsi que la Spaasi et le Radarts.