YVAN MARC
L’ancien soleil
(Label Diff 43)
La huitième œuvre d’Yvan Marc sortira en septembre, et c’est une pure cruauté de devoir se priver de son écoute pendant la période d’été. Tant sa douceur et sa vitalité font du bien. Et il est aussi fou de se dire, que peu d’entre nous le connaissent. Un pur facteur de chansons, artisan d’art à l’exigence et au feeling imparables. Timbre de voix entre Jean-Louis Murat et Bertrand Belin. Il maîtrise les structures, les climats, les couleurs primaires. Des mots simplement beaux, à l’écriture calligraphiée. Jusqu’aux subtils arrangements classiques ou électroniques. Tout y est léger comme plume, aux airs virevoltants d’un livre de Jean Giono. Vous n’avez jamais entendu de chansons faites par un artisan d’art ? Vous pouvez fermer les yeux et ouvrir grand cœurs et oreilles, il n’y a plus qu’à respirer. Il y a tout à y aimer. Plus le monde écoutera Yvan Marc, plus le monde se laissera porter, d’une singulière beauté.
Joseph Cervantès
CORENTIN GRELLIER
Une saison en hiver
(Auto-produit)
« Tant qu’il y aura du temps libre volé aux oiseaux, il restera des poètes avec un oiseau dans la tête… » Voilà des mots qui résument bien l’état d’esprit de Corentin Grellier, qui, avec ce premier album en solo, Une saison en hiver, nous offre un voyage dans l’intime, avec des petites histoires pleines de tendresse. Pas de fioritures, juste une guitare qui accompagne une voix tout en émotion. Des mots qui parlent d’absence, de manque, de nature, d’amour aussi, nous rappelant que nos vies sont en mouvement perpétuel, que tout peut changer du jour en lendemain, et qu’il faut savoir saisir l’instant présent… Tout se mélange, entre espoirs, fantasmes et désillusions (Premier amour, Louise, Joli joli), et, quand on a l’impression que les choses nous échappent (Ruisseau), la vie repart de plus belle (Lucie). Un éternel recommencement que Corentin Grellier met joliment en exergue.
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Sandrine Palinckx
LES ZINGUEURS
Sauvages
(Auto-produit)
Originaire de Béziers, ce jeune groupe semble bien décidé à dézinguer la scène rock française. Une guitare électrique, une basse lourde, une batterie déterminée et un accordéon déchaîné : il en faut peu pour voir se dessiner rapidement une identité. Avec de la sincérité et des fêlures dans la voix du guitariste, le chant et les instruments nous emmènent sur un terrain aux multiples reliefs. La dualité entre l’accordéon, festif et entraînant, et l’orchestration punk-rock nous renvoient à un mélange de rage et de poésie naturellement fédérateur. Par ailleurs, quatre textes ont été écrits par la regrettée Barbara Weldens comme Fine lame qui s’adresse directement à Sophie, l’accordéoniste… On pense premièrement à Noir Désir pour le côté écorché (Dis-le moi) mais également à Ramsès (Le voile tombe) pour le côté magnétique et polymorphe d’une musique rock difficile à définir, mais tellement envoûtante..
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Nicolas Claude
GAÉTAN NONCHALANT
Tout ça pour ça
(Auto-produit)
Premier EP de six titres à la production très bien léchée de ce jeune artiste français originaire de Tokyo. Crooner de l’absurde à la moustache fière, le gars est tant nonchalant, l’esprit est si fin et l’auto-dérision omniprésente. Ce néo Katerine, crinière de lionceau et voix sablée, pose, d’un pas de côté, une pop douce et acidulée comme un bonbon fluo japonais. Une invitation à prendre du recul et du temps, dans un Oasis digital où l’ « on ferait mieux de s’écouter un peu plus souvent la la la la ». Les influences à la Vassiliu ou Haruomi Hosono. Univers dérisoire essentiel, où il n’hésite pas à mettre les mains dans la farine, dans le clip boulanger de Gagner son pain. À chanter japonais dans Genki, une simili ballade bossa nova nippone. À fumer une clope en mobylette dans Bérézina : « On veut toujours les choses qu’on n’a pas ah ah ah, c’est la Bérézina, tout ça pour ça. »
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Joseph Cervantès
GABRIEL SAGLIO & LES VIEILLES PIES
Le bal des griots - Live
(LVP)
Une des principales fonctions du griot est de chanter la vie des hommes libres ; Gabriel Saglio ne déroge pas à la règle dans ce septième album, toujours accompagné des Vieilles Pies. Ces musiciens ambulants s’enracinent sur les terres ocre de l’Afrique accueillant trois grands noms de la scène musicale avec Sékouba Bambino (chant-guitare - Guinée), Fanta Sayon Sissoko (chant-danse - Mali) et Adama Keïta (kora - Mali). Enregistré en live, ce bal des griots vous fera entrer en danse au son de cette voix rocailleuse roulant sur les chœurs et sur les rythmes bigarrés. Car ici tout est mélange, l’accordéon s’accorde à la kora et le jazz flirte avec le maloya. Surtout, écoutez-les chanter les hommes migrateurs (Un drôle de Père Noël, Un bout de terre entre les doigts) et prenez, en dansant, le temps d’écouter ce qu’ils nous disent… que le mélange, c’est la vie et l’ingrédient principal des beaux albums.
Grégoire Thion
BRUNOÏ ZARN
Moon jazz
(Auto-produit)
Troisième compère de Boucan, aux côtés d’Imbert Imbert et du regretté trompettiste Piero Pépin qui nous a quittés subitement cette année, Brunoï Zarn livre ici un Moon jazz aux airs de roadmovie américain. Les sentiers rocailleux et l’aridité du désert se font sentir au travers des sonorités guitaristiques, de slide venant se superposer aux boucles, ou de banjo. Souvent minimaliste (bien qu’il ait enregistré une flopée d’instruments), il ne s’embarrasse pas du superflu. Tout juste, une batterie, tenue en l’occurrence par Flo Triby et la trompette de feu Piero sur le titre éponyme, viennent audacieusement offrir leurs textures explosives sur les écrits, tantôt en anglais, en français ou occitan. Sombre à souhait, mais pas terne pour autant, entre fulgurance et lancinant, hypnotique voire shamanique (le très indien Carmaux), Brunoï Zarn nous entraîne sur la planche savonneuse de ses sentiments avec l’intensité de sa prose brûlante.
Julian Babou
LE BAL CHALOUPÉ
Cavalier noir
(Auto-produit)
Puissant, énergique, cosmopolite. On savait que le sud-ouest était une terre de bal. Celui-ci nous vient de Bordeaux et offre son deuxième album, Cavalier noir. Un véritable tour du monde de la danse, d’expériences légèrement psychédéliques, du relâchement, ambiance tropicale. Les cinq musiciens, entourés de nombreux invités, savent faire monter la tension avant de la faire exploser dans toutes les langues et les styles musicaux, proposant un voyage coloré au pays du déhanchement. Plusieurs pépites se cachent parmi les dix titres, avec en point d’orgue, Baleine qui n’a rien à envier à Delgrès ou Vaudou Game pour citer de lointaines cousinades contemporaines parmi les explorateurs modernes de sonorités traditionnelles. Cumbia, merengue, jazz, biguine, électro et bien d’autres se mêlent dans une transe et un feu d’artifice. Un appel salutaire au lâcher-prise et à la fête collective.
Chris Auziak
SÔNGE
Flavourite Câlâ deluxe
(Warner)
À travers ce deuxième album, Sônge puise dans de nombreux genres musicaux, comme le hip-hop, l’électro ou la pop. Son style, nourri de ces multiples influences, trouve une authenticité sans tomber dans la répétition. Chaque titre capte avec justesse une émotion ou une sensation. Mon démon, à la mélodie rythmique et haute en couleur, est un morceau lumineux et énergique. Orly Tahiti, est une ballade plus posée, paisible, mais entraînante. Enfin, avec Hologram, au chant presque lyrique, un rituel ultra-planant, Sônge touche au sublime et transcende le beau. Ses textes s’inscrivent donc dans la mélancolie et l’onirisme : un voyage intérieur aux parfums de mythes et merveilles. Aux frontières du rêve, du souvenir ou d’un délire spirituel, l’univers de l’artiste quimpéroise est, sans conteste, aussi riche que sa musique. Flavourite Câlâ deluxe est une œuvre dense dans laquelle on plonge facilement. La tête la première.
Augustin Bordet
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