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20e édition du Concours Jeunes Talents de Vesoul

Bertrand Belin, Parrain de cette édition. ©Yves Petit
Bertrand Belin, Parrain de cette édition. ©Yves Petit

C’était la 20e édition du Festival Jacques Brel, l’incontournable événement chanson de la ville de Vesoul, organisé par la dynamique et passionnée équipe du Théâtre Edwige Feuillère. Y étaient programmés cette année Une soirée Brassens / Trenet organisée par le Hall de la Chanson, Féloche et le Mandolin’ Orchestra, Boule, Léopoldine HH et bien d’autres que vous voyez régulièrement défiler dans nos pages !

Nous y étions en tant que membre du jury (et spectateur) le week-end du 10 octobre, pour le Concours Jeune Talent qui s’y déroule et qui a vu émerger des artistes tels que Ben Mazué, Boule, Batlik, Erwan Pinard, Barcella, Liz Cherhal ou encore Lombre en 2019.

 

Pour cette édition 2020, 5 candidats étaient en lisse et nous ne pouvons qu’apprécier la fine sélection de l’équipe qui n’a pas commis « d’erreur de casting ». Le Concours se déroule en deux temps, le samedi, tout au long de la journée, les artistes doivent jouer dans différents lieux de la ville. Cette année, entre une météo capricieuse et une préfecture frileuse, les trois premiers candidats ont finalement joué dans le Hall d’entrée du Théâtre, lieu qui accueille régulièrement des apéros-concerts. L’idée est que les artistes aient le temps de poser leur univers, de jouer devant un public et pas seulement devant des professionnels et surtout, pouvoir se détendre avant de se présenter dans le concours.  Nous apprécions la richesse de cette programmation montrant une belle palette de ce que la scène francophone a toujours à offrir … 

Nour  ©Yves Petit
Nour ©Yves Petit

Rendez-vous était donc pris Samedi matin à 11h avec la chanteuse Nour qui a ouvert le bal (qu’elle a d’ailleurs refermé le lendemain soir). Si elle a longtemps joué en solo, c’est en formation duo que nous l’avons retrouvée, avec Automne Lajeat (que nous avons connue notamment avec Little Ballroom) au violoncelle. La complicité entre les deux musiciennes était palpable, leurs univers faits pour s’entrechoquer. Lorsqu’elles me confient que c’est la troisième fois qu’elles jouent ensemble, on se dit que la musique, un peu comme l’amour, est une question d’évidences. Automne peut être classique, rock, jazz, punk et Nour nous séduit avec son approche de la musique, son jeu de piano oscillant entre classique, blues et jazz. On apprécie aussi son sens de la formule, se jouant des expressions de la langue française, les mixant pour jouer de l’image qu’elles dégagent telle que Le chemin de son cul-de sac … L’artiste sait jouer sur le fil de nos émotions, nous faire passer du rire aux larmes lorsqu’elle entonne sa « chanson engagée » : Pirouette Cacahuète, le point levé pour mieux enchainer sur le fait de vivre dans une maison en carton, où lorsqu’elle aborde la maternité et ses contraintes qui ne sont rien à côté de l’amour qu’on porte à son enfant…Touchante lorsqu’elle interprète Le grand Vide et puis souvent drôle, surtout lorsque sa « chanson d’amour qui finit bien » s’appelle Je pense à tes fesses. Le lendemain, elle fera découvrir d’autres chansons de son répertoire. Deux concerts, deux ambiances, mais toujours cette approche de la scène captivante pour ce duo qui remportera le second Prix du jury et le Prix FrancoFans. 

Ben Herbert ©Yves Petit
Ben Herbert ©Yves Petit

Après une petite pause, c’est Ben Herbert Larue qui est monté sur scène. Ben Herbert chante avec une voix grave, cassée qui n’est pas sans nous évoquer Jacques Brel …  Il est accompagné par deux musiciens de talents, un contrebassiste qui swingue et un pianiste multi-instrumentiste pouvant taper sur le clavier tout en jouant de la trompette. Le genre de formation que nous apprécions, et qui nous évoque forcément La Rue Kétanou, Têtes Raides et toute la bande. Si ces influences semblent très prononcées au début du concert, mais le trio se détache rapidement de ses influences pour imposer un son, un style qui leur est propre. On se laisse emporter par le trio, qui fait mouche dans sa réinterprétation de C’est peut-être, de Leprest, nous émeut lorsqu’il rend hommage à ses grands-mères, ou s’inspire du Journal de Myriam, jeune fille née à Alep et écrit son journal de guerre. Toujours à la recherche du bon angle pour aborder les sujets qui le touche, Ben sait mettre du beau dans le plus terrible, montre aussi un certain humour lorsqu’il nous raconte ses rêves ou ses questionnements d’enfant. Les deuxième soir, il tape dans le mille en rappelant que malgré nos différences, nous avons tous des choses en commun.  Une naïveté qui fait du bien, surtout en cette période compliquée, qui lui vaudra une standing ovation en ce début d’après-midi dans le hall du Théâtre et les prix du Jury et du public lors de la finale. 

Louise Combier ©Yves Petit
Louise Combier ©Yves Petit

Louise Combier arrive ensuite. Jeune chanteuse qui s’est déjà faite remarquer dans l’émission The Voice, l’artiste semble recommencer tout à zéro. D’une interprète, elle devient autrice et compositrice. Nous sentons et apprécions sa fragilité, sa voix profonde et fragile à la fois, son style sur le fil. Elle reprend Nantes lors de son live, et la filiation avec Barbara semble coller à cette artiste promise à un bel avenir.  Accompagnée de sa pianiste, la lyonnaise s’affiche à travers une chanson somme toute assez classique, où la poésie se veut contemplative. Louise Combier fait montre d'une belle présence, il y a quelque chose chez elle qui nous saisit immédiatement. Artiste assurément à suivre. 

Matéo Langlois ©Yves Petit
Matéo Langlois ©Yves Petit

Changement de lieu pour retrouver Matéo Langlois, dans la belle salle de l’Espace Villon. Gagnant de nombreux tremplins (Pic d’Or, Prix Moustaki etc.) ces dernières années, nous étions impatients de voir l’évolution du projet. S’il a démarré ses concerts par ses « classiques », notamment les fôtes d’orthographe, qu'on a retrouvé son saxo et ses chorégraphies qui font que ses spectacles sont de riches moments, l’artiste a aussi montré de nouvelles facettes de sa personnalité avec des titres tels que les Flamands Roses ou Je suis dans l’espace, laissant place à une folie déconcertante mais drôle. Avec ce groove qui lui est propre, Matéo est en pleine évolution, avouant même sur scène qu’il recherche actuellement de nouveaux musiciens. Pour l’heure, toujours seul en scène, il s'oriente vers nouvelles sonorités, jouant des loops et autres effets sur la voix, nous emmenant clairement ailleurs. On apprécie de voir un artiste sortir de sa zone de confort, se jeter sans filet vers de nouvelles orientations et se laisser surprendre ...

Ulysse Mars ©Yves Petit
Ulysse Mars ©Yves Petit

Et pour conclure, Ulysse Mars, dernier groupe du samedi après-midi qui jouait au Café français dans le vieux Vesoul. Conditions plus compliquées pour apprécier ce concert qui aurait dû se dérouler à l’intérieur. Dans un bar plein, avec l’interdiction de rester debout, nous n’avons pas pu apprécier la première performance. Nous nous sommes rattrapés pendant la finale du dimanche. Ulysse Mars, c’est le vrai nom du chanteur de la formation (il l’a précisé directement sur scène, on imagine que la question doit souvent revenir!), accompagné d’un clavier, contrebasse ou basse, guitariste. La formation a quelque chose d’intemporel, ça nous raconte des histoires un peu fantastiques, des ritournelles sur des mélodies entrainantes et chaloupées. C’est un répertoire un peu à part sur la scène actuelle.

 

La première soirée s’est conclue par … Des concerts ! Ceux de Jack Simmard, arrivé 2e du concours l’année passée, Jack Simmard (dont nous vous avons souvent parlé dans le magazine) offre un rock percussif, prenant des allures de cabaret déjanté. Un son assez lourd pour des textes souvent noirs. Finalement assez loin de la tête d’affiche du jour, le dandy Bertrand Belin qui s’offre une tournée assez remarquable avec les Percussions Claviers de Lyon. Entouré donc de Xylophones (mais pas que), nous avons frémis aux sons de belles montées instrumentales, ri avec les interventions entre les chansons, notamment lorsqu’il aborde le sujet du travail … Une sonorité aussi surprenante que puissante. à voir assurément. 

Bravo en tout cas à tous ces artistes, aux équipes du festival pour l'organisation de ce tremplin. À l'année prochaine !