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Pomme, tout d'une grande

A relire

Extrait du dossier sur Pomme issu du numéro 80 de Francofans

 

 

 

 

 

 

 

Deux ans après son premier album, À peu près, Pomme est déjà de retour avec Les failles. Réussite renversante, tant dans sa production que dans les paroles, qui installe cette jeune artiste au rang des plumes les plus prometteuses de sa génération. Inévitablement, son âge revient sur le tapis. Vingt-trois ans tout juste sonnés depuis début août. En général, les débuts de tout. Sauf pour Claire Pommet - son nom à l’état-civil - qui fait déjà office de chanteuse aguerrie, tant son parcours et son CV artistique peuvent se targuer d’afficher déjà quelques belles lignes.

L'histoire de Pomme commence au collège dans la banlieue de Lyon, quand ses camarades lui donnent ce surnom facile et évident, qui lui colle pourtant bien à la peau. Son bagage musical est déjà là. Une famille amatrice de musique, le conservatoire dès six ans, chorale à huit qui lui donnera l’occasion de chanter partout dans le monde

et d’appréhender la vie en tournée, découverte de la guitare puis premiers concerts dans les bars lyonnais, à l’aube de la quinzaine. La jeune Claire va de l’avant, provoque les rencontres. Elle frappe aux portes des médias locaux à la recherche d’articles, va parler aux musiciens à la sortie des concerts. Elle rencontre ainsi Matthieu Mendès, alors guitariste de Luce, qui lui offre un duo sur son album sorti à l’époque sur la major Parlophone. Première expérience avec ses hauts et ses bas, mais premiers pas dans l’industrie musicale, ses ficelles et ses rouages, alors qu’elle n’est encore que lycéenne. La suite s’enchaîne naturellement. Une première date à Paris, aux Trois Baudets, en 2013, la rencontre avec Vianney en 2014, qui lui écrira Sans toi, son premier texte pour quelqu’un d’autre, et la signature sur le label Polydor. Claire arrête ses études d’anglais et part sur les routes, partout, tout le temps. Des

premières parties de renom (Tryo, Asaf Avidan, Yaël Naïm, Louane, Benjamin Biolay…), assurées seule avec son autoharpe. Un premier EP et un album arrivent dans la foulée. Claire se fait écrire des textes par les poids lourds du secteur : Ben Mazué, Jean Felzine, Siméo, Don Cavalli… Malgré un succès d’estime, Pomme n’est pas pleinement comblée et s’interroge sur le fait d’interpréter des chansons d’hommes plus âgés qu’elle. Elle hésite, lance qu’elle veut « aller faire pousser des légumes au Québec », le pays qui l’inspire et la fascine. Pourtant, la tournée continue, grossit. Elle se constitue son public et multiplie les salles pleines. Sa voix pure et fragile captive. Sa présence sans filtre sur les réseaux sociaux attire et fait partie de l’univers de cette enfant de YouTube, dont les reprises postées sur ce média recueillaient des milliers de vues. Pour son deuxième essai, Pomme remet les

compteurs à zéro. De l’équipe du premier album, il ne restera personne. Elle écrira tous ses textes, s’occupera de tout et coréalisera le disque avec Albin de la Simone en cinq jours chrono. Le changement est flagrant, radical. La chanteuse folk légèrement fleur bleue fait place à une artiste complète, aux musiques viscérales, complexes, aux

multiples détails. Anxiété qui ouvre l’album et son tic-tac entêtant en est le premier exemple. Pomme explore ses failles, les choses difficiles, effleure la mélancolie. Les onze titres forment un parcours, qui débute par les anxiogènes Anxiété et Je sais pas danser, composés dans l’urgence avant l’entrée en studio, pour finir sur l’envoûtant et probablement meilleur titre, Une minute. Un cheminement et une introspection salutaires qui ont fait sortir le meilleur d’elle-même, faisant siennes les paroles de Léonard Cohen qu’elle admire : « Dans toute chose il y a une faille, c’est ainsi qu’entre la lumière. » Nous rencontrons Pomme, à Paris, du côté de Belleville, quelques jours avant la sortie du disque, le 1er novembre.

 

Il n’y a eu que peu de temps entre tes deux albums. Quelles étaient les urgences à en refaire un si vite ? Quand j’ai sorti mon premier disque, en octobre 2017, j’ai commencé à écrire rapidement après, dès le mois suivant. L’urgence, c’était d’écrire des choses moi-même, qui me ressemblaient à 100 %. Ça a été tellement long et compliqué ce premier album… à part certaines chansons qui sont restées proches de moi, il y en a plein dont je me suis éloignée.

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