Les 8 indispensables du numéro 89


DOMINIC SONIC

Acoustic

(Ido)

C’est avec une grande tristesse que nous apprenions en juillet 2020 que Dominique Sonic avait quitté ce monde. Cet enfant du rock, qui pendant plusieurs décennies a traversé l’hexagone en partageant sa passion à coups de guitare, nous offre à titre posthume un bel au revoir. Onze morceaux choisis dans sa discographie publiée entre 1989 et 2015, réenregistrés et réarrangés. L’album s’ouvre avec le très émouvant Les leurres, chanson qui plonge l’auditeur dans les méandres d’une vie compliquée. Les mots se posent, se succèdent, une voix sensible nous entraîne sur un chemin de confidences, teinté de folk, nuancé de rock. Nous y retrouvons de prestigieux invités tels que Sanseverino, La folie de St Lunaire, Didier Wampas, La loi des pauvres gens, Laetitia Sheriff, Fuel ou Mona Soyoc, la voix du mythique groupe Kas Product, pour une version vitaminée de Miracles. Pour l’engagement, l’émotion et le talent, Monsieur… merci !

www.idospectacles.com

François Guernier


LES P’TITS FILS DE JEANINE

En toi s’immiscer

(Ré-Zone Asso)

Après Sur la route, Toute la sainte journée et Je n’ai pas vu le doute, le quatrième album s’intitule évidemment En toi s’immiscer ! Il est toujours bon de retrouver cette formation taillée pour la scène, avec ses rythmes joyeux, ses choeurs enjoués (notamment de Didier Super ou Bob’s NoT Dead !), et une bonne dose d’humour. On n’oublie pas pour autant de penser au monde qui nous entoure, à l’instar du Chant des moutons, au double sens savoureux. Parmi les invités, nous retrouvons les « pères », Sam Burguière des Ogres (banjo, violon…) ou Géraldine Bisi d’As de Trèfle (violon) sur plusieurs titres. Un album savamment orchestré prouvant, s’il en est besoin, que le groupe est également un groupe de studio. Outre le côté festif et autodérisoire (En toi s’immiscer), les PFJ savent aussi nous émouvoir, notamment dans Il était une femme, vibrant hommage à leur grand-mère. Réjouissant.

www.facebook.com/lesptitsfilsdejeanine

Stéphanie Berrebi


YVAN MARC

Pas tout seul

(Labeldiff43)

Neuvième album réjouissant d’Yvan Marc, réalisé Pas tout seul par ce subtil artisan de la beauté, bâtisseur de chansons. Humain à hauteur des montagnes de Haute-Loire. Nous inspirant Mickey 3D ou Dominique A, pour les souffles de douceur et la profonde simplicité. Une dimension d’auteur, compositeur, arrangeur, tel un Albin de la Simone. Son précédent disque, Ancien soleil, a fini de révéler en 2020 cet artiste surdoué, que le public connaît encore assez peu, mais que ses pairs admirent. Pas étonnant alors de voir cet album composé de onze titres revisités en duo. Premier single Danser, avec Yves Jamait. Le tout dans un retour à la nature, Nos vies d’ours (Ours), Sous les gants (Buridane), Grilles fermées avec Les Ogres de Barback. Féloche fredonnant Printemps. Amélie-les-crayons, Frédéric Bobin, Émilie Marsh, Alexis HK, Fabien Martin et Jil Caplan complètent cette belle famille réunie sous le même toit.

www.yvanmarc-officiel.com

Joseph Cervantès


LA MAL COIFFÉE

Roge

(Sirventès)

Depuis 2003, depuis qu’elles se sont unies, ces quatre femmes savent qu’elles peuvent être mal coiffées, ou ne pas répondre à d’autres standards, tant qu’elles ont le verbe. Le leur chante en occitan, et il n’y a nul besoin de comprendre ce qu’elles racontent pour se laisser embarquer par leur énergie et bercer par leur douceur enveloppante. Leurs chants et leurs rythmes sont aussi enivrants que les fruits des vignes de l’Aude d’où elles viennent, notamment dans le très intense Aqui que lo d’aici (Voilà que celui d’ici). C’est un vrai travail d’artisan, de celui qui aime l’objet qui se façonne dans ses mains. Et si le sens des mots est important, si vous ne faites pas partie des quelques milliers de locuteurs occitans, le livret propose les traductions de leurs textes. Il est question de coeur et de peur, de gens venus d’ailleurs, de révoltes et de pavés. La Mal Coiffée, des voix qui donnent de la joie et de l’espoir.

www.lamalcoiffee.com

Audrey Lavallade


LABOTANIQUE

Expressions végétales

(Pypo Production)

Quand Labotanique prend racine dans nos oreilles, c’est un univers floralement coloré qui se dessine. Largement assumée, la thématique est précise et respectée, sans aucun doute bien cultivée. À mi-chemin entre l’électronique et le rap, ces deux Nantais s’autoproclament musiciens de la pop végétale. Pour preuve, chaque morceau des neuf enregistrés sur l’album arbore une verve semblable à un beau bouquet rempli d’épines. Si le synthé apporte le dansant aux phases percutantes des paroles, c’est le titre piano voix de Tamier commun qui dévoile la sensibilité de Labotanique. Le duo a le don pour la caresse frappante, il sait raconter le quotidien d’une réalité désabusée, ce qu’il appelle le Syndrome du Banlieusard. Par cet album aux fragments d’actualité, ce sont les accents poétiques décomplexés qui nous rappellent quel genre de graine la nouvelle génération est en train de faire pousser.

http://labotanique.fr

Alizée Mounier


L’ENVOÛTANTE

Espoir féroce

(Petrol Chips / Terre Ferme)

Retour de L’Envoûtante, deux ans après un excellent premier album. Une batterie, une voix et quelques samples. Le flow est fluide, agressif. Derrière, ça envoie du lourd en sachant tout aussi bien se la jouer mélodique (Périphérie fait pas rire) ou groove (J’ai pas lu). Le tout est puissant. Ça ne triche pas. Les mots sont pesés et frappent là où il faut. « Foutre l’offensif dans ton festif. » On reste dans un esprit à la Casey, avec une belle évolution musicale, entre rap et rock, saupoudré d’électro. Si l’espoir est féroce, le son l’est tout autant. Rageur, comme sur un ring. La progression du duo (Bruno Viougeas et Sébastien Tillous) est intéressante et nous fait déjà languir le prochain épisode. Cette sombre année 2021 avait bien besoin de cela. En huit ans, deux albums et autant d’EP, L’Envoûtante mériterait que le milieu musical s’attarde un peu plus sur son cas. Hey !

http://lenvoutante.com

Eddy Bonin


CONTREBRASSENS

Pensées interlopes…

(Yes Music)

Centenaire ou pas, Pauline Dupuy n’a pas attendu pour rendre hommage à Brassens, elle qui a démarré ce projet dès 2014. Pour ce deuxième album, la contrebassiste s’est entourée d’excellents musiciens. Michael Wookey, avec qui elle tourne depuis plusieurs années et qui amène ses arrangements pop anglosaxons, mais aussi Franck Boyron et Baptiste Sarat venant cuivrer, entre autres, l’ensemble. C’est délicieux, subtil et sensuel. L’illustration du disque d’Alice Baillaud laisse entrevoir son contenu : on y parle des femmes, celles qui font frémir les hommes ou les font baver (Une jolie fleur) les infidèles (La femme adultère, La traîtresse), les frivoles (Embrasse-les tous). En regroupant toutes ces chansons, Dupuy fait un beau pied de nez à tous ceux qui accusent Brassens de machisme. Ces textes, plus actuels que jamais, rappellent combien l’auteur n’a jamais considéré la femme comme sexe faible, au contraire.

www.contrebrassens.com

Stéphanie Berrebi


BON ENTENDEUR

Minuit

(Columbia)

Bon Entendeur ambiance l’été avec Minuit, deuxième album encore admirablement illustré par Paul Grelet. Après un instrumental d’ouverture avec Sofiane Pamart au piano, arrive LA perle de l’opus. Une création maison, fruit d’une collaboration avec MC Solaar pour un talkover intitulé La nuit, l’histoire d’une virée nostalgique dans le Paris des années 80 où « les chats sont des lions ». Puis place à un clubbing bon enfant où Bon Entendeur parfume à l’électro-disco les coruscantes emblèmes francophones que sont Jane Birkin (Ex fan des sixties), Marie-Paule Belle (Amour dans les volubilis), Françoise Hardy (Le temps de l’amour), Véronique Sanson (Bahia) et Marie Laforêt (L’amour comme à 16 ans). Passé Minuit, le club ouvre enfin ses portes avec un extrait de la BO du film Le dernier amant romantique par Pierre Bachelet, avant que les titres démoniaques s’enchaînent jusqu’au bout de la nuit.

https://bonentendeur.com

Sam Olivier


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