Les 8 indispensables du numéro 91


IAROSS

Apnée

(Label Folie)

Trois ans après Le cri des fourmis, les trois membres du groupe reviennent sur le devant de la scène avec un nouvel opus, Apnée. Douze titres savamment pensés, dans lesquels sonorités acoustiques et électros se mêlent avec délicatesse, créant des ambiances qui oscillent au gré des mots de Nicolas Iarossi. Tantôt douces, tantôt exaltées, elles créent en nous une espèce de transe dont on a du mal à s’extirper tant la déconnexion avec notre quotidien est intense. Accords rock (Pantins, Incendie, La nuit nous appartient, En marche), envolées jazzy (Vent fou) ou esprit chanson intimiste (Une fleur), Iaross explore le son, les émotions, avec un souci du détail qui fait que nous sommes happés du début à la fin. La reprise d’un texte de Léo Ferré, La mémoire et la mer, n’a rien à envier à l’original tant les arrangements sont ciselés. Encore une fois, Iaross signe un opus abouti, véritable invitation à une pause salvatrice. J’adhère !

www.iaross.com

Sandrine Palinckx


ALEX BEAUPAIN

Love on the beat

(Because Music)

Il faut une sacrée dose d’audace pour oser reprendre une chanson culte comme Love on the beat de Gainsbourg, sans parler de l’album complet, véritable monument de la chanson qu’on peut imaginer intouchable. Mais force est de constater qu’Alex Beaupain a réussi avec brio ce périlleux exercice. En trente minutes d’élégance inspirée, avec une magnifique orchestration, sans conteste à la hauteur de l’originale, Alex Beaupain se réapproprie l’univers provocateur et irrévérencieux de son auteur et l’interprète avec justesse et profondeur. Cette filiation avec Gainsbourg, qui se ressentait déjà sur ses précédents albums, ne fait plus aucun doute. L’occasion de réécouter des chansons sorties il y a presque quarante ans et dont on ne peut s’empêcher de penser qu’elles seraient aujourd’hui censurées, nous privant ainsi de l’un des disques les plus marquants de l’histoire de la chanson française.

www.facebook.com/alexbeaupain

Julie de Benoist


ÉMILIE MARSH

Nevada

(FRACA!!!)

Il y a du Thelma & Louise dans ce deuxième album de la compositrice et cofondatrice du label FRACA!!! Un disque pour les contemplatifs du bitume, pas les fous du volant, tous ceux qui rêvent d’une disco-décapotable. Guitariste de Dani, Émilie Marsh est une musicienne qui fuit les lignes droites : une fois de plus, elle a pris la tangente en prenant la route du studio. Imaginaire sans bornes. L’album s’ouvre sur le titre Chevrolet Impala (reprise d’Isabelle Mayereau, arrangée par La Grande Sophie et Seb Collinet), invitation à trouer les vastes plaines et les langueurs américaines. Au passage, l’artiste prend en stop Gaëtan Roussel sur le duo ping-pong Héros ; elle roule à vue, sans GPS, au fil de ses Errances I, II et III. Guitares rock mordantes, synthés planants, mélopées mélancoliques (Dunhill) et esthétique glam-rock pour des hymnes électro-pop, Émilie Marsh en a dans le moteur !

www.facebook.com/emiliemarshofficiel

Youri


ROMAIN DIDIER

Souviens-moi

(EPM)

C’est toujours un bonheur particulier quand un grand artiste de la chanson française, qui n’a pas sorti d’album depuis dix ans, nous offre un nouveau disque. C’est le cas avec Romain Didier. Dans Souviens-moi, on retrouve avec émotion ce chanteur qui nous bouleverse depuis si longtemps et dont on ne s’était pas aperçu qu’il nous manquait autant. Voici douze morceaux de pure poésie bercés par cet inimitable piano qui l’accompagne depuis toujours et qui laisse parfois la place à une guitare sensuelle ou un violon langoureux. Avec douceur et délicatesse, élégance et mélancolie, l’artiste parle de L’amour sans Vérone, de La nostalgie qui vient sans faire de bruit et d’Une chanson de Sylvie Vartan qui nous ramène à nos vacances d’enfant. Cet album est plein de jolies images du passé, mais aussi d’un présent magnifique et inespéré. C’est nous qui pouvons dire à Romain Didier : Merci d’être venu !

www.romaindidier.com

Julie de Benoist


SANSEVERINO

Les deux doigts dans la prise

(Verycords)

Clairement, il s’est pris un sacré coup de jus, Sansev. D’emblée, l’artiste sort les guitares saturées et les riffs rentrededans sur Je n’en veux pas. Il enchaîne avec une plongée country-blues lo-fi (Chez J.J. Cale), à qui il rend un hommage affûté - le Montreuillois est un expert des virées dans les plaines western. Cocktails explosifs de gouaille sur complaintes blues-rock, de six-cordes jouées comme des six-coups (variation bluesy des Embouteillages), de Fender Rhodes sur le funk futuriste Les îles de Pâques, de cuivres hot, cocottes et syncopes… Ce Sansev branché sur 220 volts ne manque pas de sève. La preuve avec le dynamitage jazz-funk sur un tempo à la taurine du classique de Pierre Vassiliu, Qui c’est celui-là. À l’occasion, il donne quelques fessées, futées, dans Au Medef et Nein. Sansev n’a pas sa langue dans sa poche et les doigts plus que jamais sur les allumettes.

www.facebook.com/SanseverinoOfficiel

Benoît Merlin


TRALALA LOVERS

C’est un plaisir que d’aimer

(Entêtés Production)

C’est également un plaisir à écouter. Pour leur deuxième album, les Tralala Lovers nous offrent sur un plateau des sourires, de la légèreté, un peu de folie, une joie de chanter, de danser, enivrante et contagieuse. Depuis trois ans et la sortie de son premier album, le duo a sillonné les routes, rencontré son public et, à son contact, précisé les contours d’une personnalité artistique de plus en plus riche et déterminée. Voix, chorégraphie, musique… Les Tralala Lovers ont affiné leurs intentions dans tous les domaines. Un travail rigoureux, sincère et authentique, la sève d’un album humoristique et poétique, à la précision musicale éloquente. Les Tralala Lovers nous emmènent, sur scène ou dans notre salon, dans un bal populaire entre valse et mazurka jazzy. Entrez dans la danse et laissezvous guider, les Tralala Lovers veillent sur les ondes positives.

https://lesentetes.com/tralala-lovers

Paul Gouzien


PROHOM

Brille

(Single Bel / Socadisc)

« C’est beau, mais il y a quelque chose qui ne va pas / C’est nous ». Telle est l’entrée en matière de Prohom pour cet album marquant un virage, artistique et personnel. Le chanteur est parti en quête de nouveauté, délaissant la froideur du béton, se rapprochant de la nature (en passant par le chemin de Compostelle). Cet album se pose comme le témoin de ces changements. Si l’album « brille » par ses musiques électros dansantes, entêtantes, comme pour montrer la beauté de ce qui nous entoure, Prohom amène une part d’ombre à travers les nombreux questionnements qu’il pose sur ses titres. Il est amoureux de la vie, mais cette vie humaine détruit la nature et nous le paierons sûrement (Dessus). Cet antagonisme est porté par des images saisissantes, nous incitant à nous poser et à chercher le bonheur dans la simplicité… C’est subtilement amené, Prohom contemple le monde, et on se plaît à le suivre.

www.facebook.com/P.PROHOM

Stéphanie Berrebi


ÉTIENNE DÉTRÉ

Chute libre

(Autoproduit)

Premier atterrissage pour l’auteurcompositeur-interprète et merveilleux multi-instrumentiste qu’est Étienne Détré à travers ce court EP captivant à plusieurs égards. Ce nouveau génie de la french song originaire de Picardie maîtrise à la perfection les sons et n’a pas son pareil pour créer des atmosphères entêtantes. Petite Bleue, imparable tube électro-pop délicieusement rétro au gimmick entêtant et à la basse qui groove, nous fait décoller d’entrée. Les nappes de synthé habillent la folk de Tigre avec justesse, et le combo synthé-guitare-flûte traversière de Je tombe revisite le rock progressif des années 70 avec modernité. Chute libre, c’est l’histoire d’un homme à la quête vertigineuse, qui cherche sa place sur cette belle et folle planète, la quitte pour mieux y revenir. La tête dans les étoiles et les pieds sur Terre, Étienne Détré est déjà l’un des OMNI (Objet Musical Non Identifié)) à suivre du moment.

www.facebook.com/etiennedetremusique

Benjamin Valentie


Écrire commentaire

Commentaires: 0