Par Stéphanie Berrebi - Photos : Antho et la photo

Dimanche 22 décembre, 11h.
Le rendez-vous était pris avec Les Ogres de Barback pour assister à l’une des représentations de Pitt Ocha que le groupe donnait là-bas dans le cadre de Noël aux Nefs…
Arrivée sur le site, on passe par un petit « musée » des Ogres. Telle l’entrée dans un cirque, nous profitons des petits jeux en bois peints à l’effigie de Pitt Ocha.
De quoi passer le temps en attendant l’ouverture, prendre des photos de familles amusées dans les jolis cadres, jouer et aller contempler devant le chapiteau, le “bestiaire”, exposant une panoplie d’instruments dans un hayon. Le chapiteau de PittOcha, c’est un rêve de gosse qui a pu enfin prendre forme au printemps 2023.
On ne se rend compte de ce que ça peut représenter comme travail et investissement pour les frères et sœurs Burguière qu’en voyant le monde qui gravite autour du groupe pour que tout cela puisse prendre forme. (Le montage du chapiteau de Pitt Ocha).
Univers de cirque pour ces éternels enfants, qui nous promettent des sourires à foison. C'est Capo qui ouvre le bal, sur le bar de l'entrée, pendant que nous attendons de pouvoir découvrir la scène…
Capo prépare son « audition » à la trompette pour intégrer la troupe. Il reviendra durant le spectacle, notamment pour chanter aux parents un « classique » des Ogres. (Rue de Paname).
Nous pénétrons enfin à l’intérieur du chapiteau, la magie opère directement devant les instruments suspendus au plafond, mais aussi le « piano-tambour posé » au sol.
Nous collons nos petits dans le clapier (ça ne s’invente pas) pour qu’ils profitent mieux du spectacle (et nous aussi).
Fredo arrive sur scène. Il fait monter l’ambiance en faisant un peu l’idiot avec les enfants, en parlant du “Chatopi de Pot icha” pour se faire corriger… Les plus petits, très impressionnés par tout ce barnum, se détendent. Pour certains, il s’agissait de leur premier concert, et diantre que je les envie ! Découvrir la musique live par le biais d’aussi bons musiciens, d'aussi belles musiques… Quel pied !
Fredo passe de gauche à droite, en attendant que ses frères et sœurs s’installent. L’ambiance monte, les enfants sont chauds et on ne va pas se mentir, les parents aussi !

Fredo est le monsieur Loyal, épaulé par Manon Andersen en madame Loyal, comédienne et clown (elle a cofondé la troupe des Épis Noirs). Elle adopte pendant le spectacle une attitude déjantée, rock'n'roll jusque dans sa voix rocailleuse. Elle danse, chante, amuse. N’étant (presque) pas instrumentiste, les mains et le corps libres, elle peut se permettre des acrobaties, des danses et autres délires qui s’incorporent parfaitement au spectacle des Burguière.
PittOcha, anagramme de chapiteau, raconte une histoire de voyages laissant une place de choix aux instrumentations, plus qu’aux chansons. L’un de mes enfants parlera d’airs parfois tristes, et c’est vrai qu'il y a ce soupçon de mélancolie dans les airs des Ogres, c’est une marque de fabrique. La musique comme reflet de nos émotions.
Pour nos enfants, c’est un voyage initiatique, une manière d’apprendre les codes musicaux de différents pays. On savourera particulièrement l’instant “Brachetti”, (le medley transformiste). Les Ogres se changent en quelques secondes pour nous faire découvrir les tenues et les musiques traditionnelles de divers pays. Un tour du monde en 6 minutes.
Pour La chanson des sons, des sons passent d’un bout à l’autre de la scène. On entend les enfants devant : « Mais comment ils font ? Surement de la magie !

Dans les textes, on raconte une histoire de tolérance et d’amour de son prochain, à l’instar de Bumbaia, un des premiers morceaux qu’ils chantent sur scène.
C’est peut-être naïf d’écrire cela aujourd’hui, mais se prendre une petite dose d’humanisme, ça ne fait pas de mal. Dans ce monde déchiré et soumis à la bêtise crasse de quelques puissants, (à commencer par la présidente de la région des Pays de la Loire) ce groupe n’a pas bougé du sillon qu’il a commencé à tracer dans " le monde d’avant ", celui où tout semblait encore possible. D’ailleurs, voir un groupe autoproduit monter et faire tourner sur l’ensemble du territoire son propre chapiteau d’environ 600 places, faire complet partout où il passe, on se dit que l’espoir reste permis.
De l’accordéon, de la guitare, du violon chinois, de la scie musicale, une plaque de fer pour le bruit de l’orage, des souffleuses pour le vent. Débrouillards, inventifs, bricoleurs…
Autant de qualités qui ouvrent le champ des possibles pour nos enfants qui voient qu’avec peu, on peut faire beaucoup. La recette de ce spectacle réussi, c’est d’y mettre beaucoup d’humour et un soupçon de magie. Surtout, e ne jamais perdre son âme d’enfant. S’amuser.
À la sortie, j’ai demandé à mes enfants ce qu’ils en avaient pensé. Le plus petit (4 ans) s’est essentiellement demandé comment le petit Pitt Ocha qui apparait au début a pu autant grandir à la fin. Ça l'a beaucoup intrigué !
Il a adoré découvrir tous ces instruments. Le plus grand (8 ans), malgré des musiques parfois tristes, s’est beaucoup amusé, notamment en se laissant embarquer dans la folie de la fin du spectacle.
Personnellement, j'ai été traversée par de diverses émotions. Bonheur et nostalgie. Dans un monde de plus en plus oppressant, c'est une bulle d'air, d'espoir et d'humanisme. Ce monde-là est possible, il suffit d'y croire et surtout ... de transmettre aux jeunes générations.
