L’histoire d’El Gafla démarre dans les quartiers populaires d’Alger où Karim Chaya, l’âme du groupe, construit sa première guitare avec un bidon d’huile découpé, un manche à balai et des fils de pêche, et apprend seul la musique.
Fils d’ouvrier, Karim vit dans des conditions sociales difficiles. Comme beaucoup de ses frères, il n’a accès ni à la culture ni aux loisirs. Son quotidien l’amène à s’interroger sur la corruption, le régime autoritaire, la pauvreté, la redistribution des richesses et la complicité des puissants. Il sent le peuple oppressé par ses dirigeants (Le pétrole).
Un soir dans un quartier aisé de la ville, il se voit refuser l’entrée à un concert. De la butte où il s’installe, il réussit malgré tout à voir le spectacle. Ce moment va changer sa vie.
« J’ai été subjugué par le pouvoir de la musique. C’est une arme pacifique source de liberté, d’ouverture au monde et de fête » (Un jour peut-être…). Tout comme sa rencontre avec des
Touaregs. « Je reste fasciné par ces peuples sans frontière qui se déplacent au gré de leurs
envies » (Lolita). En leur hommage, il nommera son groupe El Gafla (« la caravane » en arabe).
Le terrorisme bat son plein en Algérie quand Karim décide de venir travailler en France. Il a 21 ans. Marseille est loin de l’eldorado dont il avait rêvé. Sans emploi, il vit quelque temps à
Rome où il est victime de violence raciale. Il rejoint Paris dans la clandestinité, enchaîne les petits boulots et mène une vie de bohème. Il prend sa guitare, joue sur les terrasses et fréquente
les salles de spectacle (L’Immigré, Paname, Avec toi). À Ménilmontant, quartier cosmopolite, il rencontre de nombreux artistes. Il se rapproche de Manu Chao avec qui il partage ses idées et sa
vision de la musique. Avec lui, il reprendra la chanson Clandestino, qu’ils interprètent en arabe et en espagnol.
C’est grâce à ces rencontres humaines et musicales que se forme en 2002, El Gafla, autour de sept musiciens d’univers différents. Leur musique aux accents rock prend des couleurs africaine,
orientale et latine. Le groupe sort un premier album Paris/Casbah en 2006 remarqué par la critique. Il enchaîne 500 dates en France et à l’étranger (Italie, Allemagne, Espagne, Europe
centrale, Kazakhstan, Qatar, etc.). Quand il joue en Algérie en 2009, c’est la consécration.
Son deuxième opus Salam à toi (« paix » en arabe) est le reflet de ce voyage initiatique (distribué par Socadisc, il sera dans les bacs le 8 mars 2012). L’écriture poétique de
Karim couplée de mélodies entraînantes forme une alchimie. La musique d’El Gafla, qui n'est pas sans rappeler celle de Zebda, de la Mano Negra ou des Négresses Vertes, déborde d’énergie et invite
irrésistiblement à la danse.
Ya Bouya (Marcel-Du-Prê) - 5 titres - 2003
PA/Ris - Casbah (Sequenza / Demain la Veille) - 14 titres - 2006
Salam à toi (Atea / Socadisc) - 10 titres - 2012