R.WAN

Biographie

Le poil est-il l’ennemi de la modernité ? Peut-on mettre un pot ninja sur un vélo hollandais ? Ces énigmes insolubles ont fondé l’univers d'R.Wan, « chanteur de l’invraisemblable ». Né dans la région parisienne en 1974, il découvre vite les vertus d’une chose légère et invisible capable de soulever les foules : la voix. Echappant tant bien que mal aux projets de sa mère – qui le voit déjà intégrer les Petits Chanteurs à la Croix de Bois –, il grandit entre la banlieue et Paris. Son style s’épanouira entre ces deux pôles qui s’attirent et se repoussent.
Ses goûts musicaux ont d’abord évolué à l’unisson de toute une génération : de Bérurier Noir au Wu Tang Clan en passant par Madness et Gladiators. Au début des années 90, troquant sa houppette contre des dreadlocks, il fonde avec quelques amis un groupe de reggae, Sense Lion, qui se taille une petite réputation dans la capitale. R.Wan fait ses premiers pas sur scène, révélant un talent indéniable pour « tenir les salles ». N'ayant déjà plus beaucoup de cheveux, il s’engage ensuite dans une formation de rap à Vitry sur Seine. R.Wan excelle dans le genre, mais rejette tous les clichés qui entourent cette musique. Parallèlement, il tourne avec Mystic Vibes, formation de choc qui écume sauvagement les MJC. L’expérience lui permettra d’affermir ses aptitudes sur scène.
R.Wan suit parallèlement des études de lettres et de géographie. Qui tourneront court. Il en gardera un goût prononcé pour la poésie ainsi qu’une profonde aversion pour le conformisme de sa génération. C’est le temps des incertitudes, des tâtonnements et des petits boulots : groom, peintre en bâtiment, coursier ou encore trafiquant de tabac entre la France et Cuba... En 1998, il retrouve une ancienne connaissance de collège, Fixi, qui officie comme sideman dans des groupes funk. Les deux amis font le même constat : ils ne se reconnaissent pas dans les genres musicaux de l’époque. Ils décident de « s’inventer des racines » en puisant dans le répertoire folklorique. Fixi, clavier de formation, se met à l’accordéon et sample des disques de musette. R.Wan affûte ses textes, entre satire sociale et fugue poétique. Ainsi naît Java, formation de « rap musette » qui signera en 2000 son premier opus, Hawaii, chez Sony. Les tournées qui s’ensuivent assoient leur réputation : ces « monstres de scène » ne battent pas les estrades, ils les enflamment. La réussite de l’album, comme celle des concerts, les encourage à poursuivre sur leur lancée : Safari croisière, en partie réalisé au Brésil, sort en 2003, toujours chez Sony.
Pendant près de six ans, Java se produira sans interruption dans les salles et les festivals du monde entier. En 2006, R.Wan et Fixi s’offrent une pause, sans pour autant cesser leur collaboration. Ils s’associent a Makasound : d’un côté, le label produit deux albums de R.Wan, Radio cortex I et II ; de l’autre, il propose à Fixi de réaliser l’opus Paris rockin’ du chanteur jamaïcain Winston McAnuff. Le collectif est bientôt rejoint par K-Mille, producteur et multi-instrumentiste. C’est alors le coup d’envoi d’une tournée marathon : le Paris rockin’ tour. En 2008, Java reprend le chemin des studios avec K-Mille et sort l’année suivante Maudits Français sur le label Makasound.
R.Wan, samouraï de la scène et parolier hors pair, se remet vite à l’ouvrage avec le collectif de compositeurs Saint-Ouen All Stars (Gilles Lavanant, Nicolas Kassilchik et Michel Ange Mérinot). Dans un souci de cohérence, il souligne les contours de son univers : l’humour précis et nonchalant, l’atmosphère cabaret, les références au cinéma français, le dégoût inspiré… Dans le projet qui prend forme, tout brûle et se consume : sa peau sous le soleil, le papier d’Arménie, la bouche des femmes, les bombes lacrymogènes… A tel point qu' R.Wan, jouant avec un briquet pendant l’enregistrement, déclenche un incendie dans le studio. Blessé par les flammes, l’ingénieur du son et réalisateur Lucas Chauvière réussit à terminer l’album avec une seule main… Peau-rouge, qui sortira en 2012 chez Wagram, est un continent à part entière. On y croise des sorciers vaudou, des mélomanes en uniforme, des fées narcotiques… Un monde où l’ironie et l’évasion, comme toujours chez R.Wan, le disputent à la révolte poétique.