Les 8 indispensables du FrancoFans 54


DEBOUT SUR LE ZINC

Eldorado(s)

(DSLZ)

Suite à sa parenthèse destinée au jeune public, Debout sur le Zinc revient avec un septième album studio. Si la musique du groupe reste rapidement identifiable, il y a énormément de relief et de renouvellement dans cet opus. La couleur rock se fait de plus en plus présente mais la sensibilité et la tendresse qui découlent des mélodies et des voix des deux chanteurs n’ont rien perdu de leur authenticité. Avec Eldorado(s), le groupe met à l’honneur la nécessité de faire renaitre l’envie d’aller de l’avant car le temps ne permet plus de rester figé ou indécis : il faut savoir prendre des risques, provoquer le destin et ponctuer son existence de rêves et de moments de folie. Et si l’envie de changer de vie peut malheureusement se révéler dramatique (Lampedusa), elle peut aussi raviver n’importe quelle flamme (Prudence, Tout n’est pas mort). Un hymne à la vie chanté avec optimisme, lucidité et poésie…

www.dslz.org

Nicolas Claude


CYRIL MOKAIESH - GIOVANNI MIRABASSI

Naufragés

(Un Plan Simple / Sony)

Cet opus n’est pas l’oeuvre d’un artiste mais bien de deux talents réunis : Cyril Mokaiesh et Giovanni Mirabassi qui se sont subtilement appropriés les oeuvres de compères. Compères artistes écorchés par la vie et naufragés. Ainsi, Cyril Mokaiesh chante les textes très poignants d’Allain Leprest, Daniel Darc, Bernard Dimey, Philippe Léotard, Vladimir Vissotski, Mano Solo, Stéphan Reggianni et de Pierre Vassiliu. Sa voix rock et rauque ne trahit pas l’esprit de ces âmes échouées. De par ses émotions dans l’interprétation nous sommes au plus près de leurs blessures. Quant à Giovanni Mirabassi, grand pianiste international de jazz, il accompagne son acolyte de ses notes claires et raffinées. Tout en restant au plus près des mélodies initiales, il nous embarque dans un voyage musical dont on frôle l’ivresse. Ce disque est au final bien plus qu’un disque de reprises, il (re)met en lumière des chansons pas ou peu connues du grand public.

www.mokaiesh.com

Anne-Laure Ripoll


MANSFIELD TYA

Corpo inferno

(Vicious Circle / L’Autre Distribution)

Synthés analogiques, nappes synthétiques et rythmiques acidulées de TR808, de nombreuses images nous viennent à l’esprit à l’écoute de cet opus de Mansfield Tya. Kraftwerk, Enigma, Emilie Simon, et bien d’autres ont emprunté ce chemin, mais ce serait occulter les plages menées par l’obstinant et cinématique ensemble de cordes, sur lesquelles sont posés des textes hors-normes. Le groupe cultive le lancinant, de par ses tempos lourds et ses riffs hypnotiques. Les sonorités et thèmes abordés dans les textes, contribuent à créer une atmosphère toute particulière, homogène tout au long de l’album, quatrième du groupe. Le duo féminin originaire de Nantes nous embarque, nous emmure, dans un espace sombre, mélancolique et hors du temps, où il n’est guère question de tube de l’été. Ça tombe bien, on était venu pour autre chose. Monde obscur, nuit éternelle, températures froides et tristesse sont au rendez-vous. Une curiosité attachante.

www.mansfieldtya.com

Julian Babou


GENEVIÈVE MORISSETTE

Me v’là !

(Balandras Éditions / EPM)

On ne sait pas à quoi elle carbure, la Morissette, ce qu’elle met dans son moteur au juste, mais ça fait bien explosion. Plus encore qu’une attitude rock, c’est une démarche trash qu’elle adopte, frontale et brutale. Dire que ses textes sont des lames de fond, c’est en-dessous de la réalité. Avec sa grosse voix résonnant de l’intérieur, elle envoie des mots flots, des mots interdits qui nous laissent de même. Elle n’a pas froid aux yeux, ni ailleurs en somme, et ne s’en cache pas. Elle hurle même des cris de jouissance non simulée dans Exploser. Cette chanteuse est incendiaire comme sa couleur de cheveux sur la pochette. Sur La femme en beige, radoucie, elle fait penser comme par hasard à Lynda Lemay. Ses chansons sont très mélodieuses, et les textes aussi forts que poétiques. À noter le souriant duo avec Oldelaf : Comme dans un film. Cette Geneviève est irrésistible avec son fort accent québécois, la v’là, et il va falloir compter avec elle.

www.genevievemorissette.com

Annie Claire


HIPPOCAMPE FOU

Céleste

(30 Février)

Deux ans après son Aquatrip, Hippocampe Fou quitte l’univers
sous-marin pour un album plus aérien, Céleste et nous amène dès le premier titre dans les étoiles (Las estrellas). Hip-hop dans la lignée de Java, Hippo de son petit nom maîtrise son flow et offre la légèreté de ses textes, entre slam, humour et poésie.  Personnage qui ne manque ni d’autodérision ni de fraîcheur, il s’amuse à alterner les sujets légers avec une écriture décalée et piquante et les instants où elle se fait plus dense, plus sombre ; mention spéciale à Mes échecs, une histoire d’amour sur les soixante-quatre cases d’un échiquier. Hippo partage également deux featurings avec Gaël Faye (Presque rien ou comment voyager léger) et Céo (La grande évasion, une joyeuse critique des vacances low cost). Grand amateur de cinéma, il apporte un soin particulier à ses clips, tous inventifs et déjantés.

www.facebook.com/hippocampefou

Audrey Lavallade


SAGES COMME DES SAUVAGES

Largue la peau

(Lookatmekid / À Brûle Pourpoint)

Parfois, on peut juger un disque à sa couverture. Celle, bariolée et recouverte des images d’un ailleurs fantasmé de Largue la peau réussit à rendre toute la couleur et la folie douce des Sages Comme Des Sauvages. Ava Carrère et Ismaël Colombani nous emmènent au bout du monde avec leurs rengaines entre folk et world, à grand renfort de guitare, bouzouki, contrebasse, accordéon ou encore cavaquinho. Est-ce l’Orient ? L’Est ? L’Amérique latine ? L’Afrique ? Les Antilles ? Un peu tout à la fois. Mais les Sauvages ne s’éparpillent pas pour autant. Chanté à une ou deux voix, chaque titre décline un style échevelé et très poétique. Les textes, souvent réalistes (La réserve) voire énervés (Asile Belleville), cultivent une innocence subtile. Avec toujours, en toile de fond, une mélancolie à la Moriarty et un éclectisme musical très proche d’un Feloche ou des Lo’Jo.

http://sagescommedessauvages.org

Lisa Castelly


COLLECTIF

Chantent Roger Riffard

(Le Train Théâtre)

Roger Riffard, artiste touche-à-tout, est resté dans l’ombre de Brassens pendant sa courte carrière de chanteur, en assurant ses premières parties puis en mourant aussi le 29 octobre 1981. Son oeuvre, recèle quelques perles, portrait de bonhommes tendres, situations drôles ou instants mélancoliques, écrites avec verve et dextérité. Anne Sylvestre, Gérard Morel, Presque Oui, Flavia Perez, Zaza Fournier, Hervé Peyrard et Stéphane Mejean en remettent vingt-cinq au goût du jour, enregistrées en live au Train-Théâtre. Chacun apporte sa personnalité. On alterne les ambiances, les solos, duos et les trios dans la pure tradition de la chanson, a cappella jusqu’aux arrangements les plus modernes. Avoir une troupe de multi-instrumentistes, ça aide. La truculence de Gérard Morel, le timbre vocal et les interprétations sur mesure de Zaza Fournier tirent vers le haut ce projet exigeant, fourmillant de mille créativités. Du bel ouvrage !

www.letrain-théatre.fr

Benjamin Valentie


GRYF

Voyageur

(Samedi 14 / Inouïe Distribution)

François Gaillard, après trois albums sous son nom, nous invite à découvrir son nouveau projet, Gryf. Voyageur est le titre de ce premier album, un album qui flirte allégrement avec l’esprit chansonnier. Bonne humeur, tendresse, ironie, indignation sont là et même quand le ton est grave, la fraîcheur est au rendez-vous. Une sensation amenée par le jeu instrumental, avec une clarinette virevoltante très présente, mais aussi un accordéon vibrant, une batterie, une contrebasse, des percus, des cuivres, des guitares… L’écriture est poétique, drôle, et quand il emprunte à d’autres, comme dans les intermèdes inspirés du fameux Sur la route de Kerouac ou sa reprise du morceau de Renaud, Oscar, l’interprétation est sans faute. Des moments forts avec des titres comme Les grandes séparations ou Voyageur et d’autres plus légers tels Shootés à l’internet ou Sale petite journée. Rien à jeter, l’ensemble est très réussi.

www.projetgryf.org

Sandrine Palinckx