Les 8 indispensables du FrancoFans 47


OAI STAR

Oai and I

(It’s OK! / Data Airlines)

Les fadas de Marseille sont de retour ! Après cinq ans d’absence, le combo emmené par Gari Grèu de Massilia Sound System a décidé de conserver les sons des consoles 8 bits expérimentés dans le précédent album, tout en y ajoutant des guitares punks. Résultat : un opus court (quarante minutes) mais qui déménage tout sur son passage. Frondeur, libertaire et rentre-dedans, Oai and I est placé sous le signe du drapeau noir. Les politicards, les religieux, et autres moutons de Panurge en prennent pour leur grade dans une ambiance punk-rock et une énergie qui sentent bon les années 80. Les paroles savent aussi se faire conscientes et fraternelles pour rassembler les gens dans la joie et l’action. « Mets-toi le feu, tu es vivant ! » clame le groupe dans MTLF. Et c’est bien le but de cet album, nous faire ouvrir les yeux et nous bousculer dans la bonne humeur. Rafraîchissant comme un bon pastis !

www.oaistar.fr

Chris Auziak


GAELLE VIGNAUX

J’aime tes ex

(Socadisc)

Après deux albums et auréolée de nombreux prix (Sacem, Centre de la Chanson...), Gaëlle Vignaux nous revient avec J’aime tes ex. L’artiste propose un opus abouti, à la fois drôle (Les fâchés), sombre (Satanée thatanophobie, Des épaves), intime, original et aux mélodies bien trouvées. Dotée d’une plume acérée, Gaëlle Vignaux décortique les petits moments du quotidien qui nous sont communs, nous parle d’amour et de la vie, et manie à merveille l’art de la chute, offrant à chaque chanson son effet. Côté musique, c’est Clément Petit qui est à la manoeuvre en tant que violoncelliste, co-compositeur, arrangeur et réalisateur et qui donne à l’album une intensité musicale grâce à la présence des cuivres et des cordes. Notons également la présence de Nicolas Jules sur Notre ombre et de Presque Oui sur le titre La chialeuse. Bien entourée, Gaëlle Vignaux confirme avec ce nouvel album qu’elle est une valeur sûre de la chanson française.

www.gaellevignaux.com

Grégory Couvert


GILL’US

Aquatique

(Le Chien Jaune)

« Nous viv(r)ons tous dans notre sous-marin jaune... » Ces paroles des Beatles pourraient être le point de départ de cet album qui, au premier abord, parait totalement délirant et loufoque. En effet, musicalement, Gill’us est capable avec ses machines électros et ses guitares, de glisser du raggae-hip-hop à un son jazz ou rock. Un véritable bordel organisé, de ceux qui surprennent parce qu’ils transcendent les codes et les barrières, tout en créant le style « électropical ». Derrière ce délire musical, se cache pourtant un artiste réellement engagé et qui délivre un message « éco-l’eau-gique »... On démarre en 2013 où « Le ciel est bleu, le Soleil inonde la planète », pour arriver deux plages plus loin avec un scénario catastrophe et pourtant inévitable en 2113, avec l’histoire d’une planète engloutie... À travers ce livre-disque en noir et blanc, Gill’us écrit une histoire de science-fiction d’anticipation sur un ton sarcastique, mais le message est clair : à ce rythme, on va tous crever !

www.gillus.fr

Stéphanie Berrebi


PRISCA

Tas de ferraille

(WTPL / PIAS)

L’univers de Prisca est auréolé des couleurs du monde, et ce quatrième album, Tas de ferraille, nous balade d’un continent à l’autre avec beaucoup de sensibilité. On retrouve des influences de l’est amenées par les envolées de clarinette, l’Afrique n’est jamais bien loin et s’invite en la personne de Tul Bero, le temps d’une litanie en mandingue (Keloo). La chanson engagée s’exprime au travers d’une reprise de Ferrat (Potemkine) ou du superbe texte déclamé par un Leny Escudero toujours à vif, La guerre. Si la révolte se dresse en toile de fond, la tendresse et l’humanité ne sont jamais bien loin dans J’saurais pas dire ou Tas de ferraille. Christian Olivier et Fabien Boeuf s’invitent eux aussi sur l’album (On est, Pas un mouton), histoire d’amener eux aussi leur petite touche de générosité et de chaleur humaine. Prisca a su au fil des années se forger une identité propre, et ce nouvel opus est loin du bric-à-brac que laisse suggérer le titre.

www.facebook.com/legroupeprisca

Sandrine Palinckx


LAMUZGUEULE

Bada boom boom swing

(Auto-produit)

En se réappropriant les sonorités rétro du swing, Lamuzgueule anéantit toutes les frontières culturelles ou temporelles ; relevé par un son électro puissant, le style du groupe se montre volcanique et débridé tout en gardant l’état d’esprit du cabaret. Tournés vers le monde en exposant quelques pointes de folk (Romance & kidnapping) ou de rock balkanique (La conquête de l’est), les Grenoblois ont judicieusement souhaité conserver le français : à l’écoute des textes et d’un parfait mélange de voix, force est de constater que le choix est justifié ! Il ressort de l’enregistrement un énorme capital sympathie de la part d’un groupe qui distribue des centaines de sourires à travers sa musique. Procurant du plaisir au coeur comme aux oreilles, Lamuzgueule est armé pour rassasier n’importe quel mélomane. Sans fausse note du début à la fin, Bada boom boom swing est une vraie révélation !

www.lamuzgueule.com

Nicolas Claude


ANDRÉAS & NICOLAS

Singes du futur

(Verycords)

Bienvenue à bord de la compagnie A&N ! Après nous avoir régalés avec leurs Super chansons en 2010, Andréas & Nicolas nous convient aujourd’hui à bord de leur navette spatiale pour un voyage dont vous ressortirez avec une autre vision du monde. Incongrus, loufoques, absurdes, les deux compères continuent d’explorer le mauvais goût et l’inutile avec une ferveur rare, et on ne peut que se délecter en les entendant dépeindre des personnages absolument infects comme Crazy clochard, vanter les prouesses de la technologie (Chatroulette) ou les vertiges de l’amour (S**** salope, Ma super chérie, Est-ce que tu veux sortir avec moi). Questions existentielles d’une autre dimension : « Où est-ce que j’ai foutu mon jean ? », animaux fantastiques, phantasmes improbables, difficile de résister à l’attraction tant l’ensemble est décalé. Pour résumer, c’est débile mais on adore !

www.andreasetnicolas.com

Sandrine Palinckx


FRASIAK

Mon Béranger

(Crocodile Productions)

Les tributes, hommages, reprises et autres mimétismes parfois attachants quoique souvent pathétiques encombrent notre chalandise quotidienne. Cependant, à l’instar d’Olivier Trévidy, Éric Frasiak nous offre son Béranger, celui de son adolescence, avec une sincérité presque gênante. Comme à chaque interprétation du répertoire d’une icône de la chanson alternative, donc protégée, la question se pose : la légitimité. Doit-on transporter dans le temps les textes avec les derniers arrangements du moment ou est-il encore permis d’assumer sa fidélité artistique au plus près de son maître ? À l’écoute de cet album empreint de respect, il est possible d’imaginer un écho très personnel d’un artiste pour son pair. La voix de Frasiak, moins poésie des usines, caresse des textes taillés pour la révolte. Le dernier acte de cet album résume bien l’esprit de cette création un poil trop respectueuse : un texte, hommage à Béranger, déjà présent dans l’album Parlons-nous de 2009.

www.frasiak.com

Jean-Hugues Mallot


MULTI-ARTISTES

Hommage à Mouloudji - En souvenir des souvenirs...

(Discograph)

En juin 1994 disparaissait Marcel Mouloudji. Vingt ans que ce poète, compositeur et interprète (entre autres) a cassé sa pipe... Peu d’hommages lui ont été rendus depuis. Ce disque, à l’initiative de ses deux enfants, Annabelle et Grégory, avec la complicité de Frédéric Lo, répare cet oubli et revisite ses chansons. Ainsi, Melissmell nous fait frissonner avec Faut vivre, Jil Caplan chante la séparation amoureuse dans J’irai par le monde, Christian Olivier refait vivre sa version revisitée du Déserteur de Boris Vian, Alain Chamfort nous offre un duo avec Annabelle Mouloudji. Louis Chedid, Maud Lübeck, Daphné ou encore Baptiste W. Hamon viennent compléter le casting de cet hommage à un artiste finalement assez méconnu de la jeune génération. Chansons d’amour, de désamour ou engagées, ces douze titres éveillent la curiosité et donnent l’envie d’aller se replonger dans ce sublime répertoire...

www.discograph.com/mouloudji

Stéphanie Berrebi