Les 8 indispensables du FrancoFans 52


ZAZA FOURNIER

Le départ

(Verycords)

Sur la pochette de l’album, Zaza Fournier dévoile son visage, coupe au carré. Finis les néons et le musette de La vie à deux ou les décors roses de rodéos de Regarde-moi. Le départ se veut intime et initiatique. Partir est souvent positif, mais c’est aussi quitter quelque chose. Le disque joue sur cet équilibre difficile mais nécessaire entre les projets contrariés (Le départ, Paupières closes) et la suite. Il parcourt des lieux ou des moments d’évasion et de légèreté pour certains alors que d’autres veulent les fuir (Hôtel des Acacias, 16 ans ½). Certains thèmes font écho aux sujets des précédents albums (comme le genre dans Garçon). Peu de surprises musicales et mélodiques, l’utilisation de l’accordéon et des choeurs comme on les aime chez la chanteuse donnent une java dépoussiérée et motorisée. Zaza dévoile sa jungle intérieure et nous invite aussi à prendre un nouveau départ.

www.facebook.com/zazafournier

Hélène Lachambre


CLAIRE DITERZI

69 battements par minute

(Je Garde le Chien / Au Pays des Merveilles)

Avec 69 battements par minute, le décor de la nouvelle création de Claire Diterzi est posé : on est dans l’introspection, l’intime. Le disque s’accompagne du Journal d’une création, commençant en janvier 2014 avec cette phrase : « Je préfère que ce soit Rodrigo Garcia qui m’empêche de dormir plutôt que n’importe quel enfoiré. » La rousse flamboyante ne répond à aucun code, impose sa vision de la chanson contemporaine et nous emmène dans son univers loufoque, foutraque et pourtant parfaitement cohérent. Diterzi possède un sens de la formule qui lui est propre, construit sur des images fortes et décalées mais toujours parlantes : « Au chant du coq enfin, j’oublie ma bête noire car j’ai 30 millions d’amis », ou cet enivrant : « L’avantage avec les animaux, c’est qu’ils t’aiment sans poser de question... » Claire Diterzi, une artiste libre à l’énergie salvatrice.

www.facebook.com/claire.diterzi.officiel

Stéphanie Berrebi


BENOIT PARADIS TRIO

T’as-tu toute ?

(Auto-produit)

Débarqués tout droit du nouveau monde, Benoit Paradis et sa bande de musiciens nous apportent un album de chansons en version originale québécoise (et c’est ça qu’on aime !) accompagné d’un jazz populaire, coloré de nombreuses influences : swing, New Orleans, blues, voire ambiance-piano-bar-whisky-glace. On démarre avec l’entraînant Vas-y le bien nommé, qu’on pourrait traduire par « remue-toi bordel », et Tu parles trop, paradoxe pour un auteur à la gouaille inénarrable. T’as-tu toute ? est le prototype de chanson qu’on a envie de fredonner dès la première écoute. Les refrains sont chantés comme une beat box et les couplets sont une longue liste de troubles obsessionnels hilarants. On trouve aussi des textes réalistes comme la vie écorchée de Medhi, ou pragmatiques (Cul), mode d’emploi pour carrière à succès. T’as-tu toute ? ou plutôt... t’as-tu ton album de Benoit Paradis ?

http://benoitparadistrio.com

Matthias Swierzewski


JOHNNY MONTREUIL

Narvalo City Rockerz

(Les facéties de Lulusam)

On pense à Johnny Cash et Johnny Hallyday et c’est bien légitime. Imaginez ensuite Renaud à ses débuts ou R.Wan de Java plongé dans les années yéyé et rajoutez à cela l’énergie de Gogol Bordello : vous vous ferez ainsi une bonne idée de ce premier album. Entre country, rockabilly, chanson réaliste et hip-hop, Johnny est un voyou au coeur tendre qui n’est pas du genre docile : viril et attachant, il chante la vie, l’amour et l’amitié en plein coeur des banlieues et des bistrots parisiens en passant sans complexe d’une musique survoltée à des instants de douceur et de nostalgie. Chanteur, contrebassiste et moustachu, Johnny Montreuil incarne parfaitement son personnage et se joue des clichés avec autant d’humour que de finesse. Au final, Narvalo City Rockerz est un disque assumé, audacieux et très bien abouti qui sent bon la bière, la sueur, le cuir et l’essence.

www.facebook.com/johnnymontreuil

Nicolas Claude


RUE DE LA MUETTE

Ombres chinoises

(Ariane Productions)

Il est des voix patinées chargées de mémoire, des plumes dont l’encre coule en histoires, des musiques traditionnelles, entraînantes ou mélancoliques, cette signature depuis plus de quinze ans, c’est Patrick Ochs et Rue de la Muette. Quelques titres marquent ce nouvel album comme le réaliste Mendiants, N’allez pas au bal de la marine, la vie rocambolesque de Marvin et surtout le très poétique Petits enfants, comme un rêve qui s’échappe du regard des adultes. On notera une superbe interprétation accordéon-voix avec Gilles Puyfagès, de La nuit je mens (A. Bashung/J. Fauque), émouvante, sans jamais dénaturer l’originale, tout comme pour la chanson des Poilus, La chanson de Craonne. Les textes, narrés comme des histoires banales ou fantastiques, sont sombres mais sans tristesse. Rue de la Muette ne tombe jamais dans l’abîme car ils portent toujours une musique, une lueur qui laisse entrevoir ces Ombres chinoises.

www.ruedelamuette.com

Matthias Swierzewski


LÉNINE RENAUD

6, rue brûle maison

(At(h)ome)

Comme avec Mets tes faux cils deviens marteau, on a tendance à chercher un rapport avec l’empire soviétique mais c’est de chanson française qu’il s’agit. Quelques morceaux nous entraînent même outre-Atlantique avec un son blues folk apporté par les guitares et l’harmonica. Pour le reste, cette formation lilloise contenant des rescapés de Marcel et son Orchestre et des VRP joue sur divers tableaux de la chanson acoustique. Elle nous rappelle parfois Yves Jamait (La résidence) et alterne des instants swing (Ma môme) avec des ambiances de guinguette estivale (Les liaisons dangereuses). Partant d’anecdotes, Lénine Renaud use d’une bonne dose d’humour pour livrer des chansons dont la légèreté contraste efficacement avec un état d’esprit contestataire. Doté d’un vrai sens de la mélodie et de la culture populaire, Lénine Renaud a trouvé la meilleure des méthodes pour s’adresser au monde.

www.leninerenaud.com

Nicolas Claude


HK & LES SALTIMBANKS

Rallumeurs d’étoiles

(Blue Line / PIAS)

Le prolifique Kaddour Haddadi revient déjà avec un troisième album solo. Le chanteur multiplie les projets et a encore et toujours des choses à nous dire. Preuve en est avec ces quinze chansons, dont la majorité dépasse les quatre minutes. On retrouve ce qui a fait apprécier l’ancien chanteur de MAP auprès du public : des chansons non dénuées d’engagement, d’émotions ou d’humour, des portraits d’hommes libres dont l’existence n’est pas vaine et une envie de croquer la vie à pleines dents, sur des musiques colorées et variées, comme le citoyen du monde qu’il est. Fustigeant l’inertie, faisant appel à notre âme d’enfant, toujours dans une mouvance « positive et vagabonde », HK et ses Saltimbanks varient les plaisirs et les émotions. Rallumeurs d’étoiles est un disque qui porte à juste titre son nom : pour eux tout est possible, à condition de s’en donner les moyens. Notre étincelle intime se rallume forcément à son écoute.

www.saltimbanks.fr

Benjamin Valentie


PAULE-ANDRÉE CASSIDY

Vingt ans

(Les Productions Alias Perdu inc.)

Cela fait déjà deux décennies que Paule-Andrée Cassidy nous enchante grâce à un répertoire cousu-main qu’elle interprète de sa voix magique : souvent puissante et dynamique, elle sait se transformer pour devenir frêle afin de nous émouvoir. Pour fêter cet anniversaire, plutôt que de sortir un quelconque best-of, elle a choisi de nous offrir dix morceaux qui jalonnent sa carrière et qu’elle n’avait jamais gravés sur un album. Loin d’être des rebuts de studios d’enregistrement, ils s’avèrent être de petits joyaux délicieux dont certains sont déjà bien connus pour avoir été souvent interprétés en concert (Béluga). Paule-Andrée Cassidy propose un répertoire éclectique allant de la chanson descriptive (Le fleuve) à la chanson humoristique (Déficit, À droite, à gauche) en passant par des chansons plus personnelles (Il faut qu’on s’touche). Une grande dame de la chanson québecoise.

www.pauleandreecassidy.com

Christian Chagot