LE FESTIN - CREON - Du 20 au 24 mars 2012


Au menu du Festin à Créon, petite commune à trente minutes de Bordeaux, tous les mois de mars, ce sont cinq jours de festivités à la croisée du cirque, du théâtre, du cinéma et de la musique.

 

En février, le festival avait commencé par proposer une séance de cinéma Mouss et Hakim, Origines Contrôlées à l’incontournable Utopia de Bordeaux, en présence des principaux intéressés et de la réalisatrice Samia Chala. Le documentaire présentait la genèse du projet Origines Contrôlées, spectacle reprenant les chansons de l’immigration algérienne qui a bien occupé Mouss et Hakim pendant toute la pause Zebda. Il s’est poursuivi par un débat captivant sur leurs expériences personnelles et l’aventure de l’immigration.

 

Un mois plus tard, les festivités ont réellement commencé à Créon avec la folle fanfare Circa Tsuica, un projet de la compagnie, Cheptel Aleikoum, fil rouge de la semaine. C’est elle qui a ouvert le festival le mardi au café du village, qui a déambulé sur le marché le mercredi matin et qui a assuré tous les intermèdes entre les autres spectacles de la semaine. Les quatorze musiciens circassiens réunissent arts du cirque moderne, musique… et un brin de folie. Ils n’ont pas froid aux yeux, jonglant aussi bien avec les notes, l’humour et leurs instruments.

 

Mercredi l’espace culturel de Créon accueillait un spectacle jeune public Fil d’attente, tiré de l’album Moi j’attends. Un album et un spectacle qui mettent particulièrement en lumière l’idée de fil rouge qui plait tant au Festin.

 

Jeudi s’est déroulée la soirée cabaret, avec le spectacle Le Filament, un solo de danse sur fil, où une jeune femme toute parée de rouge est suspendue dans les airs en compagnie de son « fil-amant ». Hors Cadre a pris la suite, pour un spectacle aussi aérien et poétique : deux femmes dansent et enroulent leur corps sur une structure atypique empruntée au cirque. On reste bouche bée devant la force fragile de leur corps délié et la symbiose des deux. Amarga Menta revisite ensuite le flamenco et s’offre quelques moments magiques avec Le filament et Hors Cadre qui tour à tour mélangent leurs univers.

 

Vendredi, c’était LA soirée. Complète depuis plus d’un mois, parce qu’elle prévoyait le retour de Zebda en terres girondines après plus de neuf ans d’absence. Et quel plaisir de les retrouver tous les trois, Mouss, Hakim, les diables bondissants et Magyd le poète. Certes ils ont un poil vieilli, mais nous aussi ! Et ils continuent de sauter toujours plus haut et plus longtemps que nous. A l’heure d’une campagne électorale entachée par un drame et des débordements verbaux divers, Zebda donne envie de regarder la vie de la cité d’un autre œil, plus positif. Dreego assure la fin de la soirée sur le festival.

 

La soirée du samedi s’annonce sous le signe du world cabaret avec un côté musique Renaud Garcia Fons, seul avec sa contrebasse, Serendou, heureux et surprenant mélange de musiques africaines et de flutes bretonnes et René Lacaille –on ne présente plus cet accordéoniste de la Réunion. Et un côté cirque avec la compagnie O Ultimo Momento, solo de danse sur un mât chinois et Jennifer François, morceau de bravoure sur trapèze. Et bien sûr la fanfare Circa Tsuica ! Parfois la frontière devient floue, quand les uns et les autres s’invitent à partager la scène. Et c’est ce qu’on aime tant dans ce Festin.

 

 http://lefestinmusik.com

 

Audrey Lavallade