Chansons de Parole

Annie Claire

Qui a vu Barjac et n'a pas vu les Bratsch n'a rien vu

Avec un temps radieux, ciel bleu intense sans nuage typique de la Provence, a commencé dans l'après-midi du samedi 25 Juillet sur la place du village de Barjac, la traditionnelle cérémonie d'ouverture du 20ème Festival. Cette année les bénévoles avaient préparé un assortiment de mets proposés à la dégustation, et Jofroi avait concocté un cocktail d'artistes qui ont égayé nos retrouvailles en plein air. Clémence Chevreau a chanté, elle a même joué de la trompette, Simon Goldin était lui aussi sur la sellette.

Le festival proprement dit Chansons de Parole 2015 a démarré sur la scène du château par une belle soirée autour de Jofroi, son directeur artistique.

On y a applaudi successivement, Agnès Bihl, Michel Buhler, Francesca Solleville, Romain Didier, Gérard Morel, Katrin Waldteufel, Imbert Imbert,Yvette Theraulaz, Anne Sylvestre . Ils ont chanté des chansons à eux, et aussi des chansons de Jofroi, celles que nous aimons depuis un certain temps déjà. A cette occasion, on a pu apprécier côte à côte au même piano, Line Adam et Nathalie Fortin.

A Barjac, il y a aussi le chapiteau du Pradet, qui accueille les concerts de l'après-midi. Cette année, c'est Clémence Chevreau avec le groupe Mèche qui a inauguré avec brio cette série d'événements-découverte. Elle a été très convaincante dans son style rock et ses chansons sur les déconvenues amoureuses. Clémence a chanté aussi une chanson dont Agnès Bihl signe le texte, et qui lui va si bien A la claire fontaine, car elle comporte un bonne dose de violence qui colle à la peau de notre jeune chanteuse.



Coup de cœur sur la scène du château avec Claire Elzière ce soir-là. Claire Elzière m'a encore scotchée par sa magnifique voix pure et tendre, sa belle assurance et toute la musicalité qui se dégage de sa prestation, aidée en cela de somptueux musiciens, Dominique Cravic, Grégory Veux et Jean-Philippe Viret. Quelques chansons inédites signées Allain Leprest, avec une mise en musique très élégante, riche et ô combien attachante. Elle a suscité beaucoup d'émotion, ouvrant la voie au duo Joyet-Miravette qui a fait couler beaucoup de salive barjacienne.

Le grand raz-de-marée s'est produit la soirée suivante, avec le duo From & Ziel, suivi de Flow avec ses musiciens. Deux prestations inédites pour un public réputé difficile à convaincre sur des prestations innovantes sortant des sentiers battus. Flow en particulier a fait sensation avec ses chansons engagées et si efficaces par leur mélodie.

Décidément c'était une journée de festival à marquer d'une pierre blanche! En effet, le matin-même, deux interprètes de grande qualité recevaient des mains de Jacques Bertin le prix Jacques Douai 2015: La québécoise Paule-Andrée Cassidy, sur laquelle j'ai récemment signé une chronique du CD Libre échangedans le magazine, ainsi que Marie-Thérèse Orain qui pour l'occasion a chanté Le télégraphistede Jacques Debronckart dont elle est la spécialiste.

Autre temps fort de Barjac cette année, c'est la soirée du mardi 28 Juillet qui a mis à l'honneur sur la scène du château le violoniste classique virtuose Yves Teicher qui vient de Belgique et qui a magnifiquement chanté des chansons de Charles Trenet (entre autres). Il a fait sensation avec sa belle voix et son violon, de plus il était accompagné par un jeune pianiste, virtuose lui aussi, Johan Dupont. Ils ont joué des musiques jazzy, tziganes, ouvrant ainsi la voie au groupe mythique Bratsch qui initiait à Barjac une tournée d'adieu Brut de Bratsch. C'est le groupe culte de beaucoup de fidèles de Barjac, dont je suis (fidèle et fan du groupe). On a retrouvé toute la chaleur de leur musique, de leurs instruments et de leurs voix, et l'on a retrouvé tout ce qui nous plaît chez eux depuis le premier jour, l'énergie, les rythmes et l'authenticité. Maintenant comme toujours, Bratsch c'est fort et revigorant comme une bouteille de vodka (que les artistes partagent sur scène).

Un peu de jeunesse pour nous remettre de cette soirée grandiose dans la cour du château. Le lendemain, sous le chapiteau, c'est Jules Nectar, puis Emilie Marsh qui nous ont agréablement rafraîchi l'oreille. Jules Nectar fait toujours un sans faute sur ses apparitions scéniques. Quant à Emilie Marsh, elle est entrée dans un tourbillon-rock récemment, et ce style moins sage lui va très bien.

La journée de clôture du Vingtième Festival Chansons de Parole était placée sous l'égide d'Henri Tachan. Avec le film de Christophe Régnier Le prix de la révolte le matin dans la salle de cinéma Regain du château, on a appris bien des choses sur la carrière de ce grand chanteur et de ses amis à travers les âges: 40 ans de chansons auprès de Claude Léveillée, Jacques Brel, Marcel Amont, Cabu, Guy Béart, Gréco, Perret... et bien d'autres. On a compris combien ses révoltes et sa liberté avaient été coûteuses. Henri Tachan était sur scène le soir au château pour dialoguer avec le public, avant le concert d'Yves Jamait. Avec Samuel Garcia au piano et à l'accordéon et Didier Grebot aux percussions, Yves Jamait a chanté son tout dernier spectacleAu revoir Tachan.



La principale découverte de ce 20ème Festival Chansons de Parole a été le chanteur Claud Michaud. Barjacois rime décidément avec québécois. Cet artiste est étonnant. Il a la voix profonde et ample des chanteurs lyriques, la posture sur scène presque brélienne, et a fait sa spécialité des chansons de Félix Leclerc. Il a chanté aussi L'écharpe de Maurice Fanon. On entre immédiatement en empathie avec ce chanteur, c'est un phénomène assez rare pour être signalé.



Le cru barjacois 2015 est décidément un excellent cru, en attendant l'édition 2016.