FRANCOFOLIES DE LA ROCHELLE

Par Quentin Hingrand

Lompeal
Lompeal

La trente-cinquième édition des Francofolies de la Rochelle s’est achevée dimanche soir en annonçant plus de 150 000 spectateurs sur les cinq jours. Si nous avons fait l’impasse sur la journée du dimanche, ce rendez-vous emblématique de la chanson française a une nouvelle fois tenu ses promesses avec son lot de découvertes, de concerts marquants et de moments de communion avec le public rochelais. Petit tour d’horizon de ces quatre jours de festival.

 

La Scène Jean-Louis Foulquier : Radio Elvis, Gaëtan Roussel, Angèle, M, Lomepal, Boulevard des Airs…

 

Il n’y avait pas de révolution cette année sur la grande scène des Francofolies mais l’affiche était quand même très alléchante. Sans contestation possible, c’est  le premier jour qui nous a le plus séduit.  On a pu apprécier la troisième participation de Radio Elvis qui a ouvert ces Francofolies avec une prestation de haut vol et pleine d’assurance. Gaëtan Roussel n’a pas failli à sa réputation en livrant un concert très généreux en proposant un set mélangeant savamment anciens titres  (dont Les nuits parisiennes et Léa) et nouvelles compositions issues de son troisième album solo Trafic. Angèle a été  la sensation du premier soir avec également un Matthieu Chedid renversant. Avec sa guitare, l’artiste est « seul en scène » et nous rappel à quel point il sait faire le show avec ses pédales et sa batterie à commandes.  Il a offert une rétrospective de ces vingt années de musique où l’on se dit que chaque titre est un « tube » chez cet artiste. Sur cette grande scène, on retiendra également la prestation singulière et généreuse de Lomepal, le vendredi soir lors d’une soirée à l’accent clairement hip hop qui a su secouer et conquérir le public. Le samedi,  le rendez-vous était familial pour venir voir et reprendre en cœur la plus part des titres de Boulevard des Airs. Le groupe de Tarbes n’a presque plus rien à prouver tellement la communion avec le public était forte. Cette scène reste bien un symbole fort du festival. 

La Création : Juillet 85 par André Manoukian

Un vent de nostalgie soufflait sur les Francofolies avec cette création proposée par André Manoukian au piano, autour d’un quatuor à cordes et d’un percussionniste au Grand Théâtre La Coursive : « Juillet 85 ». Durant plus de deux heures, le pianiste nous a transporté dans près de trente-cinq années de souvenirs des Francofolies à travers les chansons des plus grands chanteurs et aussi de leurs anecdotes.  Vingt-deux titres étaient proposés et interprétés par six artistes dont les noms étaient tenus secrets jusqu’au soir : Maissiat, Elodie Frégé, Barbara Carlotti, Tim Dup, Ben Mazué et Cali. Au final, on ne retiendra que seuls Cali et Maissiat se sont se révélés être à la hauteur de l’hommage. Le premier a su enchaîner des interprétations de Thiéfaine Je t’en remets au vent, Nino Ferrer Le Sud ou encore Michel Delpech Quand j’étais chanteur tandis que la seconde  que l’on n’a malheureusement passez entendue a été d’une grande aide pour soutenir le jeune Tim Dup sur une reprise de Jacques Higelin Je ne peux plus dire je t’aime. Le public n'a en tout cas jamais boudé son plaisir de ces réminiscences musicales et c’est bien là l’essentiel.

Le coup de cœur : Arthur Ely

À chaque édition,  le Chantier des Francos grâce à son travail annuel nous propose son lot de découvertes et cette année, encore, il valait mieux ne pas faire l’impasse sur les après-midis  au Théâtre Verdière.  C’est de là que vient notre coup de cœur. Il est difficile d’en choisir un seul mais c’est bel et bien Arthur Ely qui nous a le plus touché. Qu’il ouvre sur la scène Jean-Louis Foulquier avant Angèle devant quinze mille personnes ou qu’il joue devant une salle pleine le lendemain au Théâtre de Verdière, nous avons  été sous le charme de ce jeune artiste de vingt-trois ans.  Il a cette faculté de proposer une musique tirant à la fois sur la chanson française, le rap ou encore l’électro. Sur scène, c’est accompagné de sa guitare et sans autotune qu’il nous a bouleversé par des compositions surprenantes à la noirceur palpable ou encore mélancoliques. Il vient de sortir un album En 3 lettres dont on a hâte de vous en dire plus prochainement au sein du magazine.

 

 

Le retour (gagnant) : Renan Luce

 

Après cinq ans d’absence, Renan Luce remonte sur scène avec son quatrième disque éponyme. Si cet album était pour nous déjà une réussite en prenant à contretemps la tendance électronique du moment avec ces mélodies orchestrales, le concert l’était encore plus. Le chanteur breton entouré du Sinfonia Pop Orchestra n’est jamais apparu aussi à l’aise qu’avec cette formation. Une formation en adéquation avec ses textes plus intimistes cet imaginaire dans lequel il nous plonge. Si une grande partie de l’album défile sur scène On s’habitue à tout, Berlin, Le point Nemo, il fait apparaitre également certains titres « phares » comme Monsieur Marcel, Repenti ou encore Les voisines qui prennent une toute autre dimension avec cette musique des années cinquante.  Assurément le retour gagnant de ces Francofolies !

La découverte :  Hervé

 

Si on a pu évoquer Arthur Ely un peu plus haut, la belle découverte revient à Hervé. Le jeune homme a su transformer la scène du Théâtre Verdière en piste de danse le vendredi 12 juillet dans l’après-midi. Sur scène il dégage une énergie impressionnante derrière son clavier. À la fois brut et élégant sa musique très mélodique se marie à merveille avec ses textes murmurés. Il impressionne également avec cette volonté de chanter en français et sa reprise de la « peur des mots » de Bashung en est une belle preuve de réussite. Il vient de sortir son premier EP et son premier album est attendu pour le printemps prochain. À suivre de très près !  

 Le francophone de l’étape : Hubert Lenoir

 

Hubert Lenoir. On va bientôt vous en parler longuement dans les pages du magazine mais ce québécois de 23 ans est bien des plus étonnant. Le public sur la scène de l’Horloge, en plein cœur de La Rochelle n’était peut-être pas prêt pour assister à un concert de ce québécois extravagant qui n’en finit plus d’impressionner. Lui qui a reçu trois trophées au 40e gala de l’ADISQ (les Victoires de la Musique québécoise) pour son album Darlène, a livré un concert authentique.  Escaladant la structure à plusieurs reprises, il dégage une désinvolture qui ne peut laisser indifférent le badaud qui passe interloqué. Ses chansons sonnent pop, glam-rock, chanson et également jazz. Sa tournée continue en France jusqu’au 20 novembre et  faire l’impasse sur ce provocateur né, serait une grave erreur.

Bonus : le moment émotion avec Alexis HK

 

Il est vingt-trois heures passé quand Alexis HK se présente sur la scène de la salle bleue des Francofolies, juste après Baptiste W.Hamon. La salle est remplie malgré l’horaire et le concert qui s’en suit provoque une sensation de bien-être.  On rentre dans la tanière de cet ours qui pendant plus d’une heure, nous présentes ses histoires parfois rocambolesques en jetant un regard sombre mais bienveillant sur le monde qui nous entoure. Loin de la mode actuelle de la pop et de l’electro, Alexis HK n’en reste pas moins contemporain et témoin de son époque. Savoureux poète tout au long de son concert et des interludes. Son dernier album Comme un ours est à écouter d’urgence pour tous les amoureux de bons mots.