MUSICALARUE DU 14 AU 16 AOÛT 2014

LIVE REPORT MUSICALARUE LUXEY 2014

Les 14, 15 et 16 août derniers se tenait la 25ème édition du festival Musicalarue de Luxey. L'association landaise et ses quelques 500 bénévoles fêtaient alors un quart de siècle de festivités et de musique en nous offrant une programmation des plus riche et dense depuis sa création. 11 scènes, 68 groupes et artistes de musique et quelques 15 compagnies de spectacle de rue pendant 3 jours allaient soulever les cœurs, les pieds et les coudes des 40000 personnes d'un public toujours aussi fervent et fidèle à ce rendez-vous incontournable.

Jeudi 14 à 18h30 :
Suite à la 1ère après-midi de théâtre de rue qui initie chaque journée du festival. Loïc Lantoine ouvre le bal des concerts, accompagné à la guitare sur la scène intimiste du théâtre de verdure. Devant un public d'un petit millier de festivaliers conquis dès la première minute à la drôlerie et à la décontraction de ce duo d'amis, formé pour l'occasion. Le soleil danse entre les nuages, les mines sont ravies, les hostilités commencent. Merci monsieur Loïc. Les applaudissements passés, papis, mamies, parents et enfants succèdent à la jeunesse des Lantoiniens, partis à la recherche du 2ème concert dans les dédales de scènes et de sable. Anne Sylvestre arrive pour embrasser la scène à son tour. Le public est aux anges.

Sur la place du village, cours Saint-Roch, une file patiente attend l'ouverture des portes de l'église saint jean-baptiste pour assister au 1er concert de l'orchestre du Josem. Quelques minutes après c'est la fanfare Houba et sa batucada punk rock qui célèbre l'heure de l'apéritif et l'arrivée toujours massive des festivaliers sur le site. Alleluhia. Les stands de restauration s'échauffent, la nuit s'approche du digestif en même temps que la compagnie Lubat s'installe à la scène Saint-Roch. Nous y sommes. Dans ce même temps, Bernard Lavilliers inaugure la nuit du jeudi sur la grande scène des Sarmouneys où 8 à 10000 personnes l'accueillent dans les hourra. La même intensité sera tenue pendant la prestation des imparables rappeurs du groupe I AM pour qui la pluie s'invitera à la fin des rappels. Pluie grossissante qui ne refroidira certainement pas le public survolté, ni le groupe serbe Dubioza Kolektiv jusqu'à la cloture de la scène à 4h du matin. Pas plus que celui de Skip&Die sur la 2ème scène, qui jouait au même moment .

Avant les gouttes et avant ça, peu avant minuit, Luxey nous régalait d'une double affiche prestigieuse consacrée aux Didier. Les 2 Didier les plus timbrés de la chanson française : Super et Wampas. Bien qu'il soit super je n'irais pas voir le 1er...Mais plutôt Didier 2, car la famille Wampas joue dans la grange de l'Espace Pins. Sugar & Tiger, où l'hymne à l'amour punk and roll de Didier Wampas envers sa famille, pour qui il campe le rôle du choriste de sa femme, les 2 fils autour à la batterie et à la basse. On la sent frêle et peu assurée, lui nous explose ses cordes vocales à la gueule et ses riffs infernaux de guitare. Ruisselant de sueur et la godasse converse en quasi grand écart montée sur 2 chaises en plastoc, il tire le troupeau. Innénarable et dingue. L'énergie du tableau fut aussi rafraîchissante que l'air de la grange, moite jusqu'à la fin. Le concert réussi.

Nikus Pokus et DJ R-Ash, JC Satan puis Wombo Orchestra termineront d'essorer les restes de suées jusqu'au petit matin. Retour à la tente, dehors il fait froid.

Vendredi 15, 14h :
Beau soleil à la terrasse du café du Cercle où se démènent déjà les quinquagénaires de la fanfare Lous Astiaous et leur chanteur à la voix rauque profonde, au propos intelligent et au phrasé impeccable. Au milieu et autour, les badauds dansent l'huître à la main entre le stand de fruits de mer et la façade du café.
Et déjà des refrains de Jésus, Jésus, Jésus reviens sortent des cuivres, 10 chemises à fleurs chatoyantes en mode barbouzes à barbasses, la peau tannée par le soleil et l'anisette. Bonjour Luxey.

L'heure suivante sur la pelouse de la mairie, les balances du groupe touareg Ezza prennent la forme d'un concert applaudi. Même aux heures creuses il y a de la vie à Luxey. Les anciens font rouler les boules et le cochonnet sur le sable piétiné de la place Saint-Roch. L'après-midi est aux balances sous les platanes, et aux surprises aussi. Winston Mc Anuff est là qui se balade, je le salue chaleureusement. C'est une étoile du Raggae Jamaïcain et il est si disponible, j'ai de la chance. Nous discutons ensemble 5 minutes lorsque son accordéoniste Fixi (ex Java) le rejoint accompagné du prodige de l'accordéon réunionnais René Lacaille, venu là avec son épouse en touriste. Les 2 se congratulent et se mettent illico à chantonner une mélodie à 2 voix. Fixi et moi dans un large sourire, nous occupons de taper la rythmique à 4 mains. Merci pour le quart d'heure créole jamaïcain.

Il est bientôt temps de commencer la soirée par le concert de 18h30 avec Thomas Fersen en duo. Le soleil largement installé a bu toutes les flaques de la veille et le théâtre de verdure est bondé.
Fersen au yukulélé et à la flûte en bois tricote sa poésie, délivre son humour, il rentre les 2 pieds dans son univers, le public s'y engouffre naturellement. Quelques jeux de gambettes, beaucoup de dérision. Une ronde se forme à gauche et puis au centre. Le public enchaîne les refrains à pleine gorge.

Le début de soirée est bien classe avec le soleil qui se dore en tombant. Acclamations. Rappel. Acclamations. Juliette prend la relève. Le soleil descend un peu plus pour trinquer avec elle, le verre de rouge aux lèvres, elle se lève dans une célébration au raisin fermenté et à la musique d'été. Il est temps de remettre les chaussures du soir.

21h : Scarecrow et son blues massif renforcé de hip hop resserre le centre du village dans quelques envolées frôlant le métal. La voix rocailleuse sur la nuit tombe. La soirée s'échauffe.

Il est bientôt l'heure du 1er concert du soir sur la grande scène des Sarmouneys. Passant par la pelouse de la mairie, un grand sourire partagé avec Denis Barthe, batteur voix du groupe The Hyènes, qui profite de ses vacances à Luxey comme à l'accoutumée. Je continue dans les allées des restaurants où je croise la sosie parfaite de Bonnie Tyler (Total Eclipse of the Heart), kebab aux lèvres, luisantes de friture. Bobine super drôle. Il ne m'en faut pas plus pour continuer ma route, riant et guilleret vers le concert des Têtes Raides. Par dessus mon rictus je tombe stupéfait sur le concert de Sélim (Joseph Chédid). En 3 minutes de temps, voici donc que je tombe maintenant sur le sosie de M. Je n'avais pourtant pas commandé une soirée sosies. J'apprendrais plus tard qu'il s'agit en fait du frère cadet de la famille Chédid. Je ne lui en veut pas d'avoir le même prénom que moi et la même voix que son frère, il est trop sympathique et talentueux pour ça.

Cour des Sarmouneys. Une horde de jeune a du confondre avec carnaval, c'est la cour des miracles. Scène des Sarmouneys, Têtes Raides en quatuor, ça sonne rock, c'est énorme.
Les 2 guitaristes électriques envoient le steak comme c'est pas permis, dans une maîtrise totale des arythmies. Christian Olivier est branché au monde, sincère jusqu'au fond de la cuve. Tout le son des Têtes Raides se révolutionne, la pertinence et l'impertinence bien accrochées. Les 4 se transforment en 6, ils sortent des ballades magnifiques et petit à petit le son cuivre et chanson de l'époque rejaillit. A ta gueule Gino, à ta gueule Ginette. Climax.

Retour au centre du village et des agitations, heureux de pouvoir profiter de la dernière demie heure du concert de Winston Mc Anuff à Saint-Roch. Veste de costume fin quadrillé de marron et de blanc, le pantalon en cuir de mercenaire, chemise blanche, brillante. Un collier indien à perles tressées sur le poitrail. Une classe hors du temps. L'esprit millénaire de Mc Anuff a déjà transcendé le public par sa magie. Les gens sont comme en transe et je vous jure je suis quasiment sobre. Mais ivre de ce que je vis. Imaginez ça, des galoches à gogo sur la gauche et des pogo lovés pas graves. Un jeune homme de 20 ans tétraplégique porté par la foule sur son fauteuil roulant, slamant dans les airs à l'avant scène. Une énergie rare vibre sous les platanes saouls à cette heure ci. Et la vie y est bien riche et réelle.

Je regarde la lune à demi faite (ou défaite) et m'excuse auprès d'elle car je ne verrais pas Johnny Clegg enflammer Sarmouneys et surtout, j'ai manqué le concert de Gabriel Saglio et les vieilles pies, tant pis.

1h15 : Superbe musique du groupe touareg toulousain Ezza.
L'heure tourne et le concert de HK & Les Saltimbanks va bientôt démarrer. Un petit pipi en passant par les méga délirantes toilettes sèches et set DJ des Gyppie Party Tour. HK, en grand habitué des lieux met dans sa poche les quelques 10000 people venus étreindre la grande scène. On voit Saïd qui se chauffe sur le côté Jardin de la scène. Et c'est parti pour 6 morceaux, il se jette comme un tigre sur ses acolytes au milieu de la scène, pour reformer le temps d'une marée humaine leur groupe lillois M.A.P (Ministère des Affaires Populaires). Public Ravi.
Ce soir on aura vu les étoiles, dans les yeux, sur les scènes et dans le ciel, à Luxey.

Samedi 16 :
Pas de montre donc pas d'heure, pas de carnet donc pas de note.
La chaleur est encore à la fête, le sable se remet à voler juste un peu. Ici à Luxey, le temps passe trop vite, alors il faut plus que jamais savourer chaque instant de ce précieux dernier jour. Chacun a goûter à presque tous les plats proposés par les stands, les lieux des scènes ont bien été repérés, il ne reste plus qu'à aller droit au but. Et tout le monde en prendra sa part belle. Les gens saluent leurs amitiés nouvelles, la cerne large et l'oeil béat, ça ondule et ça flâne. Les belles sont belles, les hommes sont encore des hommes et les anciens retrouvent leur jeunesse. Les plus décontractés trimbalent leurs déguisements, enfilés le jeudi. On voit passer 2 nonnes à barbes, des gamins maquillés par leurs gamines, gentils vikings, curieux corsaires et tout se monde se faufile, profite et se dandine vers la soirée ultime.
Et sa programmation : Emily Loizeau, Arthur H, Mama Rosin, Monsieur Roux, Maxime Le Forestier, Les Ogres de Barback et la Fanfare Eyo Enle, 17 Hippies, Minimum Fanfare, Eskelina, Les Tites Nassels, Zob, Capsula, Pendentif, Joe La Mouk, Misteur Valaire, Biga Ranx, Electro Deluxe, Canailles, Sans Additif, Sam Grat'Houille, Mektoob et Rikkha...

On est bien là. Vivement l'année prochaine pour fêter les 25 ans de Musicalarue à Luxey. La bise à Serge et aux luxois.

Zef Cervantes.