PRINTIVAL BOBY LAPOINTE - DU 27 AU 30 AVRIL 2011 - PÉZENAS (34)


A Pézenas, l'âme de Boby Lapointe plane toujours ; dans les rues de la vieille ville, on peut même croiser la maman des poissons. Fin avril, la ville s'anime pour lui rendre hommage, en chanson.

Comme tous les ans, l'affiche est de qualité. Mercredi Hervé Lapalud, le facteur de mots avec son spectacle jeune public, Alex Toucourt, Agnès Bihl et son beau Rêve Général(e) ouvraient le bal de cette onzième édition. Le jeudi, on retrouvait Balmino, le chanteur de Khaban' dans une nouvelle version, Dimoné et Areski, parrain du festival.

Le Printival se plait à multiplier les formules, proposant d'abord un concert gratuit sur la place principale de la ville vers midi. Caroline TrioNoga, la chaleureuse suisse et l'impétueuse Flavia se succèdent jeudi, vendredi et samedi. Puis le soir, le foyer des Campagnes s'ouvre pour offrir en premier une découverte : Printi'Découvertes puis deux artistes plus connus : Printi'Soirées. Loin des têtes d'affiches que l'on retrouve dans tous les festivals - pas de Zaz, pas de Camélia Jordana ou de Bernard Lavilliers - les programmateurs du Printival nous font plaisir. Fil rouge de tous les concerts, les artistes proposent tour à tour un reprise de Boby.

 

Francofans un peu en retard n'arrive que le vendredi, juste après le poète Fantazio, tout le monde ne cessera de s'extasier devant sa performance. Tant pis pour nous, mais Nicolas Jules et les Blaireaux poursuivent heureusement la deuxième partie de soirée. Nicolas Jules très en forme et très bien accompagné tricote les mots comme à son ordinaire et nous promène dans son univers doucement dingue. Le bonhomme est irrésistible sur scène et Dany Lapointe, petite-fille de Boby aujourd'hui présidente risque de se souvenir longtemps de ses remerciements hauts en couleur et en humour. Les Blaireaux arrivent ensuite pour présenter leur nouvel spectacle créé spécialement pour l'album Bouquet d'orties. Ils poussent toujours plus loin les limites de la poésie et du rire avec un son et une mise en scène parfaitement maîtrisés. C'est toujours un bonheur de les voir et les revoir.

 

Pour occuper ses journées, entre le concert du midi et ceux du soir, Pézenas en plus d'être une ville médiévale magnifique abrite de nombreux artisans de qualité. Le festival concocte aussi quelques surprises : Noga proposait le vendredi après-midi son Circle Song, où le public se prend au jeu de la polyphonie improvisée. Les habitants n'en ont pas cru leurs yeux. Lait Yaourt Brothers ont également participé à animer les rues : montée sur ses échasses, la fanfare toulousaine en quelques reprises décalées et compositions délirantes a accroché un sourire sur tous les visages environnants.

Plus calme, l'expositon Lapointe de la création dans la Maison des Métiers d'Art a accueilli cinq créateurs d'instruments, au côté des photographies des artistes des éditions passées. Histoire de se rappeler que c'est tous les ans que les artistes de qualité se succèdent à Pézenas. Le mardi, le festival proposait aussi un autre Grand de la chanson, mis en images par Joan Sfar, Gainsbourg : Vie héroique. Sans compter la lecture de l'Hélicon, le quotidien du festival, richement illustré par les illustrateurs du terroir : Fabien Gaillard, Eric Hübsch, dessinateur de la série Le Chant d’Excalibur et les incontournables Gérard Garcia, Steff et Crochet. La création se fait en direct dans le foyer.

 

Le samedi, c'est un groupe local Une touche d'optimisme qui chauffe la salle du Foyer des Campagnes. Encore tous jeunes et déjà à leur deuxième album, le groupe hésite encore entre morceaux de bravoure et maladresse. Laurent Montagne qui s'était promené toute la journée dans le festival avec son plus beau tee-shirt FrancoFans poursuit la soirée avec Pierre Yves Serre, échappé des excellents mais disparus Mes Anjes Noires. Les textes malicieux s'enchainent, mués par les performances scéniques du trublion et de son sampleur. A deux, guitare électrique et guitare acoustique, rien ne les effraie, même pas une reprise très réussie du Courage des Oiseaux de Dominique A. Enfin le festival finit en beauté avec Pigalle. Même si François Hadji Lazaro ne brille pas par sa sympathie, le concert est sans reproche. Pendant une heure et demie, à l'aide d'une pléthore d'instruments, le groupe enchaîne les succès d'antan et les morceaux du dernier album. Côte à côte, côté scène, des enfants, quelques punks et des plus anciens. Toute la force de Pigalle, et du festival est là, réunir les générations.

Au Printival, les bénévoles sont de joyeux lurons et les notes de l'after raisonneront tardivement.

Présente seulement sur le week-end, l'année prochaine, FrancoFans risque bien de prendre toute sa semaine pour ne rien rater.

 

Audrey Lavallade