Bilan des FrancoFolies de Montréal

par Stéphanie Berrebi

 

 

Prendre le temps de pouvoir savourer un festival qui varie concerts en salle payants et concerts en plein air gratuits fut des plus agréables. Le soleil était majoritairement au rendez-vous pour ne rien gâcher au plaisir des dizaines de milliers de festivaliers présents chaque soir.

 

On note que la privatisation des événements (scène Bell, scène Ford, etc.) permet aussi de proposer des concerts de bonne qualité gratuitement au public (en terme de programmation mais aussi de sonorisation). Ainsi, sur la gigantesque Place des Arts, quelques vingt-milles personnes ont répondu présentes chaque soir.

Des plus petits lieux aux grandes scènes, on note la passion du public, ne serait-ce que par le fait de le voir connaître toutes les chansons par cœur, qu’on parle d’artistes découvertes où les plus connus, des Québécois comme des Français les plus renommés, tels Tryo, qui déchaîne autant de passion à Montréal qu’en France.

Les publics sont enjoués, profitent des concerts avec un détail des plus plaisants : le téléphone portable reste dans la poche pour la grande majorité, qu’on parle des concerts en plein air ou des concerts en salle. Diantre, que c'est agréable de pouvoir voir la scène autrement qu'avec l'écran de la personne devant soi ! 

Qu’on parle des créations, telles celles de Pierre Lapointe et son spectacle pluri-artistique ou Louis-Jean Cormier en solo, des têtes d'affiches telles Karim Ouellet, ou des concerts découvertes en bar, pub ou plein air : on note l’importance chez les Québécois du dialogue avec son public. Ça ne se résume pas à une phrase ou deux entre les chansons, mais bien cinq minutes à raconter des choses, qu’on présente la chanson suivante ou qu'on parle de l’actualité. L'engagement ne manque pas de ce côté de l'Atlantique, mention spéciale à Samuele, véritable féministe qui n'a pas la langue dans sa poche ... On palpe la complicité qui se crée et qui parfois manque un peu à la scène française actuelle. Il faut dire aussi que les français invités sur place appartiennent à la scène pop-électro très en vogue par chez nous et qui, personnellement, m’a donné une sensation de froideur. Qu’il s’agisse du concert de Blondino où j'ai frôlé l’ennui, que la prestation de Fishbach, au talent indéniable, à la voix exceptionnelle mais qui reste, selon moi, enfermée dans sa bulle. C’est du moins la sensation que j’ai eu. Les Québécois, en tout cas sur le festival, restent plutôt sur les instruments organiques, les guitares sèches et électriques inhérentes à la folk / country / musiques traditionnelles toujours très en vogue. J’ai tendance à penser que cela donne plus de chaleur à l’instant, permettant des parties instrumentales plus longues, parfois improvisées. Redécouvrir par exemple l’univers déjanté de VioleTT Pi en solo guitare / voix a complètement changé l’ambiance générale de ce qu’on lui connaît sur disque.

 Bref, de laisser plus de place aux musiques et aux musiciens, ça nous donne cette impression de ne pas se déplacer en concert pour écouter un artiste reproduire à la note près ce qu’on entend sur disque.