Carmen Maria Vega à Lyon : la star est de retour

par Yves Le Pape

 

Il y a quelques semaines Carmen Maria Vega était remontée sur la scène de ses débuts lyonnais. Elle était venue à A Thou Bout d'Chant pour participer en toute discrétion au spectacle que ses amis lyonnais avaient monté pour faire connaître le répertoire de Mathieu Côte, mort si jeune à 30 ans. Elle était de retour tout récemment, à l'affiche du festival des Chants de Mars, dans le cadre de la tournée de présentation de son nouvel album annoncé pour le 7 avril. Sur la scène du Transbordeur elle était accompagnée du seul Kim Giani, qui a réalisé avec elle Santa Maria, cet album.

 

Photo David Rito
Photo David Rito

 

A la recherche d'une identité

 

Comme elle l'expliquait elle-même dans un long entretien paru dans le dernier Francofans (N°63, Février/Mars 2017), plusieurs chansons lui ont été écrites à partir de sa propre histoire. Née au Guatemala, Carmen a été adoptée toute jeune et a vécu ensuie à Lyon. Elle a décidé en 2012 de partir en Amérique, à la recherche de sa première famille. Cette quête apparaît donc en filigrane dans Santa Maria, la chanson titre de l'album, une chanson de Baptiste W. Hamon et Alma Forrer qui évoque donc la Santa Maria et les navires qui ont conduit Christophe Colomb en Amérique, mais, précision d'importance, le texte l'affirme, « Mon Amérique à moi, moi seule je pourrai la trouver ». Dans La fille de feu de Chet (Samoy) elle chante « La fille coupée en deux entre Gones et Mayas », les gones désignant les enfants de la rue en parler lyonnais. Amérique Latrines de David Assaraf évoque l' « Ame amère » qui « cherche racine arrachée dans ta terre ». Mais la chanson la plus explicite mais aussi la plus déchirante, c'est Le grand secret que lui a écrite Mathias Malzieu, une chanson sur laquelle elle finit son tour de chant, un texte très sombre qui raconte très précisément sa recherche et se conclut sur « Non je ne connais toujours pas le grand secret de mon identité ».

 

Phto David Rito
Phto David Rito

Un spectacle vibrant

 

 

Elle n'a pas oublié son ami Mathieu Côte et a choisi pour son album deux de ses chansons : Bradé, la plus socialement engagée, raconte l'histoire d'un ouvrier licencié que le désespoir va conduire au suicide car « que faire à 50 ans quand on s'est fait lourder ? ». La seconde chante L'honneur, dont la violence du texte est rendue magistralement par l'interprétation de Carmen.

 

 

 

Dans ce spectacle totalement abouti Carmen démontre avec éclat ce qu'il faut de talents pour faire une grande interprète. Il faut d'abord choisir son répertoire et faire appel à des paroliers et compositeurs de qualité. Elle a fait appel pour cela à Mathias Malzieu, Chet Samoy ou Baptiste W. Hamon mais aussi à Zaza Fournier qui lui a écrit J'ai tout aimé de toi, une impeccable et très classique chanson d'amour. Au total l'album comme le spectacle propose de bons changements de tonalité : on passe de la ballade nostalgique au rock le plus tonique. Carmen a su construire un spectacle vibrant d'émotions et, comme elle l'expliquait dans Francofans, la scénographie est pour elle une exigence majeure qui la passionne. On en voit sur scène le brillant résultat.

 

Photo David Rito
Photo David Rito

 

Une star généreuse

 

Il y a du Catherine Ringer chez Carmen. Mais il y a peut-être aussi une filiation avec le meilleur de Patricia Kass. Avec ce bel album et la tournée qui l'accompagne, la lyonnaise a tout pour réussir une percée décisive et toucher maintenant un vaste public. Mais, on en est sûr, la star est aussi une personnalité généreuse qui a les pieds sur terre : elle n'oubliera pas ses racines et ses débuts à Lyon.

 

 

Le site Web de Carmen Maria Vega

 

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