34e Festival de la Chanson de Tadoussac au Québec

du 29 juin au 2 juillet 2017


 

Comment faire la synthèse écrite d’un festival aussi « riche » que celui de Tadoussac (plus de soixante-cinq spectacles en cinq jours) ?

Comment retranscrire la bonne ambiance générale (festivaliers comme bénévoles et artistes), la qualité des spectacles présentés et la splendeur du site ?

Le Festival de la chanson de Tadoussac est sûrement l’un des meilleurs festivals du Québec voire le meilleur. Je ne dis pas cela à la légère mais en me basant sur des critères que j’ai essayé de définir le plus objectivement possible afin de qualifier le festival qui me serait idéal. En effet, la programmation seule ne fait pas un festival… De nombreux paramètres interviennent : compacité de la période du festival, accueil des festivaliers, possibilité de parcourir tout le festival sans véhicule, gestion des déchets, proximité des artistes… Bref, tout un ensemble de choses qui fait qu’on s’y sent mieux que chez soi et qu’on a fortement envie d’y retourner…

Pour cette nouvelle édition, la grosse nouveauté était le changement de date. Auparavant, le festival avait lieu durant la première quinzaine de juin, proposant depuis quelques années un temps maussade. Cette année, cap vers le mois de juillet et son soleil plus chaleureux…

Seconde nouveauté, le dimanche proposait maintenant une soirée complète de programmation…

 

Jeudi 29 juin :

C’est aux Cowboys Fringants que revient l’honneur de mettre le feu aux poudres de cette première soirée. Dans une église vidée de ses bancs, le groupe nous présente comme à son habitude un excellent show, festif mais pas que… Le public est conquis, ça danse et ça chante à tue-tête que cela soit sur les anciens morceaux comme sur ceux du dernier album, Octobre. Le temps ne semble vraiment pas avoir d’emprise sur ces Cowboys qui sont ensemble depuis maintenant plus de vingt ans ! Un grand remerciement aux organisateurs qui ont limité à une valeur très correcte le nombre de spectateurs présents afin que ceux-ci soient parfaitement « à l’aise » alors qu’il aurait été si simple de « bourrer » l’église sur ce concert complet de longue date. Une preuve encore de la qualité de ce festival…

Durant la même soirée, on a pu aussi écouter Karim Ouellet et sa pop très bien ficelée sous le grand chapiteau Desjardins… Enfin pour finir la soirée, Carotté, qui mélange trad et punk) s’est déchaîné sur le site Belle Gueule à l’auberge de jeunesse pour le plaisir du public présent…

 

 

Vendredi 30 juin :

Les longues journées commencent avec pas moins de vingt-et-un concerts aujourd’hui entre 13h00 et 1h30 du matin ! Heureusement, comme d’habitude à Tadoussac, certains artistes passent plusieurs jours, il faut donc bien étudier le programme, d’autant plus qu’il y en a réellement pour tous les goûts.

Du côté des têtes d’affiches, Vincent Vallières et Patrice Michaud, exécutent de très bons shows qui emballent le public. Karim Ouellet remet le couvert toujours avec autant d’envie et de plaisir.

Du côté des artistes français, le succès est au rendez-vous. Dimoné, que nous ne présentons plus, embrase le public de la scène Hydro-Québec qui est totalement conquis par sa chanson rock de qualité. Le concert de Wallace, le nouveau projet d’R1 (ex Les Hurlements d’Léo) est une grande réussite. Entouré par un guitariste manouche virtuose et une violoniste-claviériste, il interprète les titres intimistes de son premier album éponyme. Le public ne s’y trompe et apprécie à sa juste valeur. Un beau moment. A la scène Télé-Québec, le duo de Sages comme des Sauvages surprend les festivaliers par son look et ses chansons world exotiques et fait carton plein…

Du côté des nombreuses découvertes, nous sommes plus que surpris par Samuele ! C’est intelligent, bien tourné et bien présenté. Une artiste qu’il faudra assurément suivre… Emile Gruff nous faire rire à souhait et nous sentons bien qu’il dispose d’un grand potentiel tout comme Lydia Képinski dont la chanson pop progressive surprend l’auditoire…

Pour finir la soirée, le site Belle Gueule propose Samito qui distille une musique world mélangeant électro, funk et rock suivi par Carotté comme la veille alors qu’à la salle Bord de l’Eau située au sous-sol de l’église est présenté L’Osstidtour, le spectacle qui regroupe la crème des rappeurs québécois autour de Koriass.

 

 

Samedi 1er juillet :

Pour ouvrir le mois de juillet, le temps est maussade et les spectacles prévus en plein air son annulés. Malgré cela, il y a de quoi voir… En après-midi, les artistes de Destination Chanson Fleuve donnent leur spectacle tandis que Luc De Larochellière fait une bien belle prestation sous le Chapiteau Desjardins en y mêlant habilement anciens et nouveaux titres. Il y est suivi par Joseph Edgar et son folk rock efficace. En soirée, à côté de Cayouche et de Matt Holubowski qui jouent sur la scène Québecor à l’église, de nombreux artistes nous attendent…

Nous préférons découvrir Bernhari sur scène. Bernhari nous étonne par l’atmosphère qu’il arrive à mettre en place grâce à son indie rock original. Seul bémol : le son est définitivement trop fort et nous empêche de profiter pleinement de ses morceaux. Mais nous le notons sur nos tablettes… C’est ensuite à Guillaume Arsenault de nous surprendre. Son spectacle acoustique en duo avec Charles Imbeau (trompette, bugle et trombone) est une pure merveille. Ses chansons folk nous transportent et nous charment voire nous bouleversent… A la salle Marie-clarisse, Sarah Toussaint-Leveillé nous présente son dernier album en formule à quatre (guitare, violon, violoncelle et contrebasse). Sarah sait nous faire passer du rire aux larmes durant tout son set. Ses textes sont sublimés par la mise en musique. Une très belle réussite ! Vous pourrez découvrir son interview dans le magazine FrancoFans 67 d’octobre-novembre.

Pour finir la soirée, Lubik puis Rouge Pompier animent avec brio la salle Bord de l’Eau…

 

 

Dimanche 2 jullet :

Dernier jour du festival et encore de grosses pointures ! Damien Robitaille, Louis-Jean Cormier et Daniel Bélanger.

Le spectacle en solo de Louis-Jean Cormier est surprenant ! Il arrive avec génie à occuper tout l’espace scénique et musical, juste avec sa guitare électrique. A aucun moment, nous ressentons un manque d’instrument, très étonnant ! Comme à son habitude, entre les chansons, il joue avec son image et fait rire le public. Tout le monde voudrait l’avoir comme beau-frère, tant il apparaît sympathique…

Daniel Bélanger donne également un spectacle de très haute volée devant un public conquis d’avance...

Pour cette dernière soirée, nous allons au site Belle Gueule dont la programmation apparaît détonante : Menoncle Jason, Les Deuxluxes et Les Hôtesses d’Hilaire. Menoncle Jason est un véritable phénomène et ovni sur la scène musicale actuelle. Habillé en cow-boy, il propose un répertoire country parodique chanté en vieux chiac, un dialecte d’une partie de la Gaspésie, tout un programme ! Le public répond présent en dansant par petits groupes… Derrière, Les Deuxluxes, duo mixte assure le spectacle grâce à un rock’n’roll anglophone puissant, efficace et décalé, on se croirait revenu cinquante ans en arrière....

Enfin, le groupe Les Hôtesse d’Hilaire montent sur scène. Serge Brideau, son chanteur charismatique, est au mieux de sa forme et harangue le public sans vergogne. Les morceaux rock sont survitaminés et les musiciens se font plaisir en développant de longues parties instrumentales permettant même à Serge d’aller dans le public ou de boire une bière…

Le 34e Festival de la Chanson de la chanson de Tadoussac se termine grâce aux Hôtesses d’Hilaire par un feu d’artifice musical énormissime ! Une très bonne année pour ce festival qu’on recommande !

 

Texte et photos : Maxime et Christian Chagot