Toute la jeunesse d'André Bonhomme

par Yves Le Pape

André Bonhomme en trio - Photo Luc Froment
André Bonhomme en trio - Photo Luc Froment

 

Agend'Arts, Lyon le 14 janvier 2018

 

 

André Bonhomme fait partie de la même génération que Pierre Delorme et Michèle Bernard, ces pionniers de la scène chanson lyonnaise, qui ont fait leurs débuts dans les années 60 ou 70. Tous les trois font preuve de la même longévité et on est heureux de les retrouver sur scène avec leur grand talent et leur belle énergie.

 

André était donc sur la scène d'Agend'Arts en janvier, dans ce lieu où le meilleur de la scène chanson se produit chaque semaine tout au long de l'année. Il était entouré de Florent Jouffroy à la flûte et de son fils Emmanuel au piano.

 

 

 

Le spectacle commence par Silence, ce silence qui est comme une page blanche sans laquelle rien ne pourra se faire. La page blanche de la musique, c'est le silence chante l'artiste. Rêve évoque les énigmes des rêves. Le Bricolo de la ritournelle évoque avec (auto)dérision les artisans de la chanson. Un texte du dernier album chante la sentinelle (Chemin de ronde) qui est condamnée pour s'être endormie, chanson introduite par une référence à l'écrivain Paul Nizan qui disait "J'avais vingt ans et je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie ». « Autant que faire se peut », une chanson plus ancienne, est un appel à une sorte de « pacifisme intérieur » qui refuse la colère facile. « Amour », une chanson nouvelle, est une célébration de l'amour. Nouvelle aussi, « Le besoin d'aimer » et pour finir « amusons nous de nous »...et goûtons l'instant présent.

 

Florent Jouffroy - Photo Luc Froment
Florent Jouffroy - Photo Luc Froment

 

Il y a de la philosophie dans ce répertoire mais André aime aussi beaucoup jouer avec le langage. Nous nous sommes retrouvés quelques jours plus tard pour échanger sur son travail et sur ce répertoire.

 

 

 

André a milité pour la création du statut d'intermittent mais n'a jamais vraiment cherché à en bénéficier et il a connu aussi l'usine en période de vaches maigres. Il a toujours animé des ateliers chanson avec des enfants et des handicapés mentaux. Il l'a fait avec autant d'enthousiasme que ce qu'il faisait sur scène. De cette façon il n'a pas eu à courir le cachet et gardé ainsi toute sa liberté de création.

 

Emmanuel Bonhomme - Photo Luc Froment
Emmanuel Bonhomme - Photo Luc Froment

 

Beaucoup de lectures le nourrissent et l'actualité l'intéresse et le touche même énormément. Elle lui procure des émotions qu'il va transposer dans ses chansons à partir d'un va et vient entre la littérature, les émotions et les souffrances du monde. Il parle de tout cela et de sa propre vie mais de façon très allusive, sans la contrainte de la vérité. C'est ce qu'il aime dans l'écriture poétique : ne pas être obligé d'apparaître au premier plan avec ce qu'il a vécu. Mais ce qu'il a vécu l'a nourri pour écrire ses chansons.

 

 

Ses chansons proviennent, dit-il, d'une sorte de soliloque spontané, en totale liberté, d'un « bricolo de la ritournelle » qui est aussi un beau poète. La musique est pour lui aussi importante que ses textes et il écrit les partitions que ses musiciens vont ensuite enrichir, son fils étant son principal arrangeur. Sur scène il a abandonné sa guitare car il se sent plus à l'aise pour s'y exprimer et on sent qu'il y a toujours en lui le comédien qu'il a été à ses débuts. Il a une voix profonde et la présence d'un vrai homme de scène. On en reparlera certainement bientôt sur Francofans car un nouvel album pourrait bientôt bien voir le jour.

 

L'email d'André Bonhomme : aci.bonhomme@laposte.net